Retour à Midgar

Lynn émit un léger rire en regardant le chat qui, troublé par toute cette attention, commençait à faire le gros dos. Monsieur était de mauvais poil, mais c’était compréhensif puisqu’il était passé en quelques heures de temps d’une ruelle miteuse et sale à un petit appartement préchauffé et confortable. Mais de quoi se plaignait-il ? C’était toujours préférable que si ça avait été l’inverse… La blanche reporta son regard sur le rouquin.

« - Tu serais jaloux d’un simple chat ? »

Son sourire resta gravé sur ses lèvres, ne laissant rien paraître de l’intense réflexion qui mobilisait la totalité de son esprit. C’était clair qu’il ne lui disait pas tout, mais avait-elle seulement le droit de lui demander de tout lui dire ? Bien sûr que non, puisqu’elle aussi n’était pas très clean à ce sujet. Mais être clean, cela revenait à tout abandonner, à tout devoir oublier, à l’oublier lui… Quelques jours auparavant, elle l’aurait fait sans regrets mais à présent, c’était un choix terrible à prendre. Et cela, à cause des sentiments, ces choses étranges que peuvent ressentir les êtres vivants pour ce qui les entoure. Lynn sentit son sourire qui fuyait, remplacé par une expression soucieuse et… attristée ? Pourquoi diable ressentait-elle de la tristesse ? Parce qu’elle se sentait tout à coup coupable. Jouer avec le cœur de Reno, de quel droit pouvait-elle faire ça ? Elle le lui briserait, un jour ou l’autre. Le plus tôt serait le mieux, susurra Eden dans un coin de sa tête. La jeune femme n’écouta même pas les moqueries de sa colocataire, trop occupée à retrouver un visage plus joyeux, en vain.

Doucement, elle fit s’asseoir le roux sur le canapé, s’installant près de lui, en continuant de le fixer de ses petits yeux grisâtres et abattus. Elle lui prit ses deux mains, les tenant serrées l’une contre l’autre et les enveloppant à l’aide des siennes. Sa tête s’inclina légèrement vers l’avant.

« - Il y a… autre chose, n’est-ce pas ? »

Lynn releva les yeux, se comprenant pas elle-même pourquoi elle venait de demander ça. Il n’y aurait rien d’autre, évidemment, c’était juste la poussière et le trop plein de dossiers qu’il avait rangés toute la journée qui… Ses doigts se mirent à trembler et elle rebaissa la tête afin de cacher le trouble qui venait de l’assaillir. Reno l’avait dit lui-même durant le repas, il classait des documents. Il l’aurait vraiment trouvé ? Pourquoi serait-il ici alors ? Non, ça ne pouvait pas être ça, ça ne devait pas être ça. Pitié, faites que ce ne soit pas ça… La blanche leva encore une fois la tête, trouvant enfin un peu de courage pour la maintenir droite. Il lui fallait arrêter de toujours penser négativement, ce n’était pas bon de ressasser sans cesse son passé. Tirer un trait dessus, un trait qu’elle pourrait effacer lorsque bon lui semblera. Oui, c’est ce qu’elle pourrait peut-être faire…

-Mais ce n'est rien d'important, susurra Reno. J'avais seulement pas envi d'être seul... je prends goût à ta compagnie, assura-t-il avec un petit regard moqueur tout en se penchant vers le cou de la blanche pour y cacher son visage.

Il chatouilla doucement son cou et son visage avec ses cheveux en s'y frottant comme un chat l'aurait fait. Un miaulement sonore retentit dans la pièce alors que le sourire de Reno s'élargissait. Un chat jaloux hein? Eh ben il aurait dû arriver plus tôt, Reno était le premier!

-Je ne suis pas jaloux moi... lui en revanche... Tu sais qu'on m'a toujours trouvé des points de ressemblance avec les chats, continua de la taquiner Reno.

Il sentait son sourire revenir légèrement alors qu'il recommencait ses stupidités enfantines. Pourvus qu'elle ne lui demande plus ce qu'il avait, il serait incapable de garder de secret bien longtemps si elle instait ainsi. D'un côté, il ne voulait pas l'enquiéter, de l'autre, elle s'inquiéterait bien plus si elle savait qu'il avait trouvé ça! De ce qu'il penserait d'elle ou ce qu'il ferait des rensseignements. Il voulait que leur relation continue, il voulait la garder contre lui et ne pas la faire souffrir...

Alors que cette réflexion lui traverssait l'esprit, il sentit le chat monter sur ses genoux, comme s'il voulait le défier. Mais Reno ne s'y attarda pas et continua de le provoquer en posant ses mains sur les épaules de lynn, se raprochant un peu plus.

Lynn cligna plusieurs fois des yeux, déstabilisée par cette trop longue proximité inattendue. Ses joues lui brûlaient et les mots lui manquaient. Mais une partie de son esprit avait réussi à garder toute sa part de réflexion. Ce n’était pas la peine d’insister, elle le sentait bien. Tant pis, il lui en parlerait un jour ou l’autre de lui-même, ou tout du moins, elle l’espérait. Le chat se faufila entre eux, allant dans un premier temps sur les genoux du rouquin mais, voyant que celui-ci n’était pas prédisposé à la bagarre et que, sacrilège ! il continuait de poser ses mains pleines de doigts sur sa nouvelle maîtresse, l’animal alla sur les jambes de celle-ci, se frottant contre sa chemise en ronronnant pour attirer son attention. Ce qu’il réussit à faire. La blanche se mit à le câliner inconsciemment, d’abord entre les oreilles, puis sous le menton. Le félin continua à montrer son plaisir - et sa victoire - en alignant les ronrons bruyants.

D’un coup, la jeune femme se leva, retenant contre elle le chat qu’elle porta à la cuisine. Elle le déposa devant sa gamelle, qu’elle remplit à nouveau avant de retourner dans le salon, mettant la porte contre afin que les deux mâles cessent de se provoquer ainsi. Elle s’agenouilla sur le divan afin de gagner un peu de hauteur par rapport à Reno, ses bras passant autour de son cou avec une douceur qu’elle ne pouvait pas croire sienne. Et toujours aussi lentement, elle lui déposa un baiser sur le front, le gardant ensuite serré contre elle tout en lui caressant les cheveux. Il n’était pas un chat, mais un homme. Ce qui était une sacrée différence puisque jamais il ne lui serait venu à l’idée d’embrasser son chat…

Son visage reprit son teint laiteux normal, ses yeux se perdirent dans la contemplation de la chevelure rouge qui s’offrait à elle au premier plan. Lynn se recula ensuite petit à petit, déployant ses jambes pour perdre de son altitude et pour poser sa tête dans le creux du cou du rouquin. Elle descendit ses bras, laissant une de ses mains placée sur le torse de l’homme. Ses yeux se fermèrent. Une vague de bien-être vint la trouver, la faisant soupirer d’aise. Elle ne chercherait pas à en savoir d’avantage ce soir, de toute manière il ne dirait rien, et puis elle ne voulait pas gâcher quoi que ce soit. Elle rouvrit ses paupières et posa ses lèvres sur celles de Reno, l’embrassant avec timidité.

Reno répondit avec chaleur à Lynn, heureux qu'elle prenne l'initiative. Et puis... elle avait enfermé le chat!! Il répondit à ses caresses joyeusement mais tout en douceur, ne voulant pour rien au monde brusquer la blanche. Son sourire revint finalement décorer son visage malgré son teint toujours blanchâtre et ses yeux rougit. Il remercia intérieurement Lynn de ne pas insister et de réussir à lui changer les idées.

Il finit par entâmer une conversation -passer la soirée à regarder le plafond étant plutôt difficile à fair epour lui- banale. Il ne voulait pas que la blanche s'inquiète de son état, aussi s'assura-t-il de la faire parler un peu. Et il aimait entendre sa voix...

-Tu as pensé à un nom pour le chat? Ou bien tu préfère attendre après son bain pour s'assurer de sa vraie couleur? Blagua Reno. Tu veux que je t'aide à le laver avant qu'il n'étale sa saleté partout dans ton appart?

Lynn fit non de la tête. Elle n’avait encore rien décidé pour le chat, hormis le fait qu’il allait rester ici. Mais ce qui était sûr, c’est qu’il n’allait pas échapper à sa séance décrassage, quitte à devoir lui courir après dans tout l’appartement. Elle s’apprêta à répondre au rouquin lorsqu’elle vit la porte de la cuisine s’entrouvrir, laissant assez d’espace au chat pour se glisser dans le salon. C’est vrai qu’elle n’avait pas réellement fermé la porte, après tout, l’animal était également chez lui à présent. La boule de poils trottina jusqu’au canapé où, après avoir lancé un regard dédaigneux à l’homme, il frotta ses joues contre les jambes de la jeune femme. Il sauta sur ses genoux et poussa un miaulement rauque. La blanche faillit se mettre à le caresser mais se ravisa, préférant rester dans les bras de Reno, ce qui déplut fortement au félin. Ce dernier réclama encore une minute des caresses avant de… marquer son territoire. La jeune femme étouffa une exclamation de surprise en sentant le liquide chaud et jaunâtre couler sur ses habits. Seuls les chiens marquaient leur territoire de cette manière, pas les chats ! Elle se releva d’un bond, faisant décamper le matou qui alla se terrer dans un coin, bien à l’abri de la colère qui saisissait sa maîtresse.

« - Je vais me changer, fais comme chez toi. » dit-elle au rouquin en se forçant à sourire.

Et Lynn disparut dans la salle de bains, un clic annonçant le verrouillage de la pièce. Là, elle jeta ses vêtements dans le lavabo, les mit à tremper dans de l’eau, et se doucha consciencieusement. Eden se mit à rire doucement. Agacée, la Shisha lui demanda de s’expliquer. Tu as des vêtements de rechanges ? Oui, dans ma chambre, lui répondit la blanche. Et l’autre se remit à rire. Elle ferma le robinet et s’enveloppa de sa plus grande serviette, qui ne lui arrivait qu’un peu au dessus du genou. Mais mince quoi ! Elle ne pouvait pas passer devant Reno aussi dévêtue ! Elle n’avait pas trop le choix en fait, aussi étala-t-elle sa longue chevelure autour d’elle, s’en servant pour couvrir un peu plus sa peau de lait.

Elle passa sa tête dans l’encadrement de la porte, fixant le roux avec un regard gêné.

« - Tu peux tourner la tête, s’il te plaît ? »

Lorsqu’il se fut exécuté, la jeune femme se dépêcha de gagner sa chambre où elle entreprit de s’habiller.

Reno pinça les lèvres pour ne pas éclater de rire quand Lynn quitta pour la salle de bain. De tous les chats de Midgar, elle était tombée sur celui avec le plus mauvais caractère. Durant la douche de la jeune femme, Reno dévisagea le chat, qui lui rendait bien son regard. Quand le félin en eu assez de cet homme aux cheveux rouges qui obtenait plus l'attention que lui, le chat se leva de son coin et alla se frotter à la porte de la salle de bain avant de lancer un nouveau regard provoquant à Reno et d'aller se réfugier dans la cuisine.

Au même moment,la porte s'entre-ouvrit et Lynn sortit sa tête par l'embrasure. Reno sourit de sa gêne apparente alors qu'il tournait gentiment la tête. Il se retint pour ne pas lancer une blague douteuse comme il l'aurait sans doute fait dans le même cas avec une autre. Son sourire s'élargit encore en imaginant sa réponse.

Elle revint au même moment de sa chambre et le rouquin ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il se leva en prenant une démarche silencieuse et fit signe à Lynn de ne rien dire. Il pointa la porte de la cuisine et mima un chat, puis frotta vigoureusement ses cheveux comme s'il les lavait. Il sourit de ses propres simagrés et pencha sa tête de côté, cherchant l'aprobation de la blanche.

Lynn lui adressa un petit sourire amusé, étant profondément heureuse de voir qu’il retrouvait de sa vitalité. De son côté, le chat ne trouvait plus sa place et était vexé par les moqueries du rouquin. Il regarda la blanche qui s’était accroupis et qui lui tendait les bras. Il vint s’y réfugier et se laissa porter. Les caresses que lui prodigua sa maîtresse le désintéressèrent complètement de l’autre homme. Il ferma ses yeux de fauve et de ce fait, il ne vit pas que la jeune femme indiquait au roux, d’un mouvement de menton, le shampoing qui trônait sur la table de cuisine, en compagnie des autres achats animaliers.

Elle s’assit sur le bord de la baignoire, continuant de tenir fermement contre sa poitrine le chat qui n’avait encore rien compris de ce qu’il se passait. Elle fit couler l’eau le plus doucement possible afin de ne pas effrayer l’animal, régla correctement la température et serra la mâchoire. Quand faut y aller, faut y aller… Le matou grogna, feula, fouettant l’air à l’aide de ses griffes qu’il venait de sortir. Mais il eu beau se débattre, Lynn tint bon. Elle le savonna à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’eau de rinçage soit claire et presque transparente. Puis, elle le drapa dans une serviette et le frictionna vigoureusement. L’animal parvint tout de même à lui entailler le bras et à s’échapper en grondant, définitivement froissé. La blanche regarda l’éraflure de laquelle s’écoulèrent quelques gouttes de sang, elle passa rapidement sa main dessus en souriant. C’était les risques du métier.

De nouveau assis sur le canapé, Lynn posa son front sur l’épaule du rouquin en regardant un point fixe sur le mur.

« - Au moins ça c’est fait, soupira-t-elle avec un certain apaisement. Et comme ça on sait que le noir est sa couleur naturelle. Mais j’hésite encore pour son prénom… Il est casse-pied et possessif, mais tellement trognon que je lui pardonnerais tout… »

Elle marqua une courte pause en regardant le rouquin avec une expression espiègle.

« - Reno II, ça lui conviendrait bien, non ? »

Lynn élargit son sourire en enfouissant sa frimousse dans le cou du jeune homme, cherchant à étouffer le petit rire qui la prenait.

Reno fit une moue de gamin. Lui? Casse-pied? Et puis... c'était SON nom! Pas celui d'un autre... encore moins un chat. Un petit sourire hypocrite naquit alors sur ses lèvres. D'un rapide mouvement, il étendit Lynn sur le divan et avant même qu'elle ne comprenne ce qui arrivait, Reno se mit à la chatouiller sans pitié.

-Tu peux tout me pardonner hein? Fit-il sans cesser de la chatouiller.

Reno adorait se chamailler. Pas se battre... quoique oui, il aimait ça et c'était son travail, mais se chamailler comme un enfant était de loin sa préférance. Quand il était encore très jeune, il le faisait souvent avec son père. Jouer à immobiliser l'autre sans se faire mal et user de tous les stratagèmes, que se soit de chatouiller l'adversaire ou de feindre s'être fait mal. Bien sûr, il ne pouvait plus vraiment le faire maintenant qu'il avait grandit mais il retrouvait ses jeux d'enfant avec plaisir en cet instant et il riait aux larmes comme s'il avait été chatouillé lui-même.

Son corps se tordait, cherchant à s’échapper de l’emprise du rouquin. Lynn riait et le suppliait d’arrêter. Elle ne comprenait pas ce qu’il faisait, assimilant cela à une torture physique très étrange puisqu’elle lui procurait plus de bonheur que de douleur. Tenshi lui expliqua rapidement ce qu’étaient les chatouilles, et ajouta qu’il ne s’agissait pas là d’une torture mais d’un simple jeu enfantin. Shisha aurait bien froncé les sourcils mais elle avait en ce moment plus envie de rire qu’autre chose. Elle réussit à agripper une des mains et à la stopper, le temps pour elle de se redresser un peu et de souder ses lèvres à celles de Reno, lui donnant un court mais tendre baiser. Elle laissa retomber sa tête sur le divan avec un petit sourire.

« - Et moi, tu me pardonnes ? »

Sans attendre, la blanche lui attrapa l’autre main et, d’un rapide mouvement de hanche, elle inversa les rôles, obligeant le roux à rester allonger en s’asseyant à moitié sur ses jambes. A son tour, elle se mit à lui chatouiller les côtes tout en continuant à rire de bon cœur.

Reno était plutôt content de sa réaction. Il n'y avait pas pensé au premier coup mais d'Après les signes qu'il avait eu, elle ne semblait pas avoir eu d'enfance à proprement parler ou même de relation quelconque avec un autre humain... encore heureux qu'elle ai eu des motos! Bref, il se retrouvait sur le dos, prit à son propre jeu, prêt à mourir de rire tant il peinait à respirer. Il finit par ensserrer sa taille et l'attirer à lui. Une fois fait, il profita de l'instant de déséquilibre et saisit les bras pâles de Lynn pour les ramener dans son dos.

D'où il était, il ne pouvait pas vraiment renversser les positions, dû à l'étroitesse du divan. Il se déplaça de côté et tomba au sol, absorbant le choc malgré qu'il tenait toujours Lynn sur lui, et là, renverssa les positions. Couché sur sa proie, Reno l'embrassa avant de relever la tête et... loucher légèrement en sursautant, voyant une tête noire et humide à quelques millimètres de la sienne qui le fusillait du regard.

-T'as peur de rien toi hein! Fit-il à l'adresse du chat, qu'il trouvait ridicule au début mais qui commençait à l'énerver légèrement. Dis moi que tu ne l'apellera pas Reno pour vrai, supplia-t-il en cachant son visage dans le cou de de la blanche, exaspéré. Je ne suis pas jalou comme ça moi, minauda-t-il. Et j'ai une meilleure façon de marquer mon territoir moi! Appelle-le...

Reno releva la tête mais il n'était plus là. Il poussa un soupir, suivit d'un cri de surprise et de douleur en se relevant.

-Non mais il est malade! S'exclama-t-il en contemplant les marques sanglantes sur son mollet. Apelle-le coquerelle! Fit-il aineusement en regardant fuir l'animal. Et lâche en plus! Continua-t-il à l'adresse du chat en tantant de bloquer le sang s'échappant des plaies.

Lynn plaqua sa main sur son front, la mine exaspérée. Ils n’allaient donc jamais s’entendre ces deux là ? En tout cas, c’était pas demain la veille. Elle se releva, chopa le chat par la peau du cou et disparut dans la chambre. L’animal rebondit sur le lit et s’y roula en boule en faisant les yeux doux. La jeune femme lui jeta alors un regard noir qui le fit se recroqueviller encore plus qu’il ne l’était déjà. Puis, elle fouilla dans ses affaires, cherchant un quelconque produit pharmaceutique capable de désinfecter la plaie. Que de l’alcool à 90°. Ce n’était pas conseillé pour les blessures à vif, mais y avait que ça, et puis Reno n’avait qu’à pas provoquer tout le temps cette pauvre bête après tout…

La porte de sa chambre fermée afin qu’il n’y ait plus de rencontre entre les deux mâles dominants, la blanche revint dans le salon et s’agenouilla près du blessé qui continuait de se tenir le mollet. Elle le repoussa en arrière, le forçant à s’allonger sur le ventre à même le sol, et lui remonta son pan de pantalon pour examiner les griffures. Rien de bien grave, dans quelques jours il n’y paraîtrait plus. En attendant, elle appliqua quelques gouttes du liquide antiseptique sur un coton qu’elle pressa sans ménagement sur les petites estafilades, sa main droite maintenant fermement la jambe du rouquin. Tenshi en profita pour atténuer la douleur et transférer une partie de la blessure à la Shisha. Cette dernière se dépêcha de mettre un petit bandage au jeune homme afin que celui-ci ne se doute de rien avant de se remettre debout et de le regarder avec une moue de reproche enfantine.

« - Je vais l’appeler Kuro finalement, j’ai déjà assez de soucis avec un Reno. »

Et elle lui fit un sourire moqueur tout en lui tendant la main pour l’aider à se relever.

Reno serra les dents quand l'alcool toucha sa peau. C'était qu'une petite blessure! Pas besoin de ça! Reno détestait se faire soigner, ne serait-ce qu'un plaster (je trouve pas de mot XD C'est le truc qui colle qu'on met sur les plaies pour que sa saigne pas partout) Mais là, la griffure était moins pire que l'alcool!

Quand il se redressa cependant, il fut surprit de ne pas sentir plus que cela la blessure... ça devait être moins grave qu'il ne le penssait... après tout, ce n'était qu'une griffure de chat.

-Merci... tu sais, j'aurais pu mourir si tu n'avais pas été là! Dramatisa Reno avant de sourire. Tu parle utaien? Demanda-t-il alors en fronçant un peu les sourcils, penchant la tête de côté, le rendant tout mignon.

Lynn haussa les épaules, avant de secouer négativement la tête.

« - Je ne connais que quelques mots. Mon maître était originaire d’Utaï et il avait toujours tendance à mêler sa langue maternelle à celle d’ici. Et je crois qu’il m’a plus appris d’insultes que de choses utiles… » dit-elle en prenant un air songeur.

Les deux années passées en compagnie du vieux mécanicien lui revinrent alors en mémoire. Il s’agissait pour la plupart de bons souvenirs, même quand le vieil homme avait un verre de trop dans le nez et qu’il fallait le traîner depuis le bar où il s’était endormi, ou bien lorsqu’il trouvait que son travail n’était pas bien fait et qu’il la faisait tout recommencer depuis le début… Bah ! Qu’avait-elle à penser à ça ? La blanche refoula ces brides de mémoire, retrouvant son frêle sourire habituel.

Ses yeux se tournèrent vers la fenêtre, cherchant brièvement le croissant argenté qui jouait à cache-cache avec les nuages sombres. Elle passa sa main dans la chevelure du roux, la lui ébouriffant en agrandissant son sourire. Elle voulait penser à autre chose, à tout sauf à son passé, sur lequel elle avait tiré un trait, il ne fallait pas l’oublier ! Aussi se rassit-elle en face de Reno, continuant à lui sourire.

Reno était bien et dans un état étrangement vaporeux. Quand tout va bien, notre esprit dérive et pense à n'importe quoi. C'est pourquoi Reno se demandait un tas de choses étranges dont il n'avait pas réellement conscience. Kuro devait être en train de faire une belle flaque dans la chambre de sa maîtresse. Il y avait un petit trou dans le mur, probablement vestige d'un cadre disparut. Ses cheveux étaient-ils rouge sang ou rouge pompier? Le maître de Lynn, c'était avant que le dossier du projet Tears naisse ou après? Reno eut alors un temps d'arrêt. Il avait oublié. Mais ça lui revenait en mémoire d'un violent coup. La boîte avec les grosses lettres noires, la photo de Lynn et les échantillons dans cette même boîte...

Le sourire de Reno tremblotta un peu mais fit comme si rien n'était. Il regarda autour de lui, cherchant quelque chose à dire mais ses yeux tombèrent sur une horloge et s'ouvrirent grand. Il était si tard? Un gros coup de fatigue sembla soudain l'assaillir.

-Je devrait rentrer, il est pas mal tard et on devrait dormir à cette heure. Reno embrassa Lynn sur le front en se levant. Allez, bonne nuit, fit-il avec un clin d'oeil, se permettant un sourire un rien charmeur.

Lynn resta un instant à le fixer sans rien dire, les lèvres entrouvertes comme si elle voulait parler. Il partait déjà ? Ne pouvait-il pas rester comme elle l’avait fait la veille chez lui ? Il prendrait le lit et elle dormirait avec le chat dans le canapé, ça ne la dérangeait pas et… Elle devait cesser de faire son égoïste. Hier était hier, et ça avait été difficile de partir sans se faire repérer alors mieux valait ne plus retenter le coup. Doucement, la blanche se leva, entrelaça brièvement leurs mains tout en lui laissant un bisou sur la joue. Elle se força à sourire jusqu’à ce que la porte d’entrée se referme et qu’elle se trouva à nouveau seule. Les murs froids et sans vie de l’appartement la firent frissonner.

Kuro se blottit contre elle, s’abandonnant aux caresses distraites que sa maîtresse lui donnait alors qu’elle semblait réfléchir. Mais il n’en était rien, elle ne parvenait pas à réfléchir ce soir, trop fatiguée. Aussi éteignit-elle rapidement la lumière afin de laisser le sommeil la gagner plus facilement.

**
*

Elle ouvrit brutalement les yeux, fuyant le mauvais rêve dont elle ne se souvenait déjà plus. Elle bouscula Kuro en sortant des couvertures et choisit d’aller se brosser les cheveux en premier pour changer. Devant le miroir, il lui fallut une bonne minute de réflexion pour pousser un petit cri de surprise en voyant que son reflet n’était autre que celui d’une adolescente d’environ quinze ans et que sa chevelure blanche était à présent d’un joli châtain mitigé entre clair et foncé. Tenshi plaça sa main devant sa bouche pour éviter de se remettre à crier.

Ses doigts se crispèrent autour du verre de jus d’orange. Il fallait qu’elle se calme, mais ce n’était pas la douzaine d’autres verres de jus de fruits qui allait l’aider, la gronda Eden. Shisha lui avait inconsciemment laissé sa place et s’était endormie pour une période indéterminée. Cela s’était déjà produit une fois, quelques jours après sa fuite de la Shinra, à cause d’une accumulation de stress. Mais là, il n’y avait aucune raison. Et, comme pour arranger le tout, aucun antidote, on devait attendre que cela passe. La jeune fille avala d’un trait le contenu de son verre et courut vérifier le verrouillage de sa porte d’entrée. Les autres Turks s’inquiéteraient sûrement de ne pas voir leur collègue blanche dans son bureau, ça risquait vraiment de dégénérer.

* Laisse-moi ta place alors. * proposa sa grande sœur en essayant de dissimuler ses soudaines envies de meurtre.

Tenshi fit non de la tête. Il était hors de question de gâcher tout ce que la grande Lynn avait établit jusque là. Et puis… Elle eut une pensée triste pour le rouquin. Ce mec était quelqu’un de bien au fond, il ne méritait pas de s’être épris de la blanche, tout cela allait lui revenir en plein visage un beau jour. L’adolescente haussa les épaules, ce n’était pas le moment de se montrer compatissante. En attendant que la transformation redevienne possible, la petite Lynn choisit de nourrir le chat, qui la dévisageait parfois avec étonnement mais qui ne semblait pas vraiment se soucier du ravalement de façade complet de sa maîtresse. Tant qu’elle lui donnait des croquettes et de la boîte, y avait aucun problème.

Reno repartit chez lui sans croiser personne. Il était triste un peu, en quelque sorte. Il aurait voulu rester encore mais il ne voulait pas devenir trop étouffant et... il avait besoin d'être seul maintenant. Il se coucha sur le lit et regarda le plafond. Il ne mit pas longtemps avant de sombrer dans un sommeil agité, peuplé de créatures mi-humaines, mi-... autre chose.

-*=*-

Reno se leva lelendemain en rechignant. Il aurait bien dormit plus longtemps... Il fit sa petite routine du matin, retira la bandage de son mollet et fut à demi surprit de ne pas voir de marques, et partit travailler. Comme à son habitude, il était en retard et ne croisa personne. Sa matiné consista en remplir quelques documents et se débaraser des autres par des moyens tous plus farfelus les uns que les autres.

Il partit d'un bon pas vers la cafétéria -10 minutes avant l'heure de son diner, heureux d'Aller manger. Quand il s'assit à la table, il regarda la place vide devant lui en espérant son arrivé. Rude arriva en deuxième, Elena, puis Tseng... mais Lynn restait abscente. Il se demandait ce qu'elle faisait, où elle était.

-Vous avez vu Lynn aujourd,hui? Demanda Reno avec une apparence détachée.

-Non, répondit Tseng, neutre. Elle allait bien pourtant hier, non? Demanda-t-il à Elena.

-Oui, toute la journée... quoique vers la fin, elle était étrangement blanche et...

-Non, ça c'est normal, intervint Reno.

-Non, plus blanche que d'ordinaire... Et elle avait l'air fatiguée... elle a peut-être attreapé quelque chose? Suggéra la blonde.

-Non, ça aussi c'est normal après une journée avec toi, chuchota Rude à Reno sans qu'elle n'entende.

Les deux hommes se mirent à rire et Tseng étira un sourire, se doutant de la nature de la remarque. Reno cependant s'inquiétait. Elle était bien hier soir...

-Mais quoi? Que'est-ce j'ai dit? Fit Elena d'une voix désagréablement aigue.

Elle avait passé les trois quarts de la journée à s’inquiéter, cherchant à réveiller la Shisha par tous les moyens possibles et inimaginables. Mais sans succès. Tenshi cessa de caresser le chat, promenant son regard sur le salon. L’heure de la fin de travail avançait à grands pas, ce qui avait pour seul effet de faire s’accroître le nœud dans son estomac. Il y aurait forcément au moins un gugusse pour venir prendre des nouvelles de la blanche, et que ferait-elle dans ce cas-là ? Un intense moment de réflexion plus tard… Ses yeux se posèrent sur la paire de gants noirs qui traînaient sur la table basse, en compagnie des lunettes de conduite de la grande Lynn. L’adolescente eut alors une idée.

Kuro pesta, grattant rageusement à la porte de cuisine. La jeune fille, qui s’était pourtant montrée si gentille jusqu’ici, l’avait enfermé là, et avait remplit sa gamelle mais bon, ça n’excusait pas. Et puis elle était partie, il avait entendu la porte de l’entrée s’ouvrir mais il ne l’avait entendu se refermer. Quoiqu’il en soit, il avait horreur de rester cloitré comme ça, sans raisons. Aussi se mit-il à bouder dans son coin, guettant farouchement la poignée, prêt à bondir sur la première personne qui entrerait.

Tenshi avait laissé la porte de l’appartement entrebâillée, n’ayant pas eu envie de s’encombrer des clés. Elle avait parcourut le couloir désert avec la prudence d’un sioux et s’était glissée dans les escaliers, les descendant en se tapissant dans l’ombre. Le parking souterrain n’était gardé que par un seul soldat, un petit troufion tout juste engagé dans l’armée. L’adolescente n’avait pas eu grand mal à se faufiler sans qu’il ne la remarque, et elle se dirigea vers les motos de la blanche. Alors qu’elle arrivait enfin à leur hauteur, une grande main solide se posa sur son épaule, l’obligeant à faire face au type chauve bâti comme une armoire à glace et qui la dévisageait avec sévérité derrière ses lunettes de soleil. Tenshi serra avec plus de fermeté les gants qu’elle tenait contre son cœur en priant intérieurement pour que ce Rude ne lui fasse pas trop de mal.

Reno termina la journée comme il l'avait commencé, seul, dans son bureau. Quand elle se trmina enfin, il prit la route de son appartement, se demandant vaguement pourquoi Lynn n'était pas présente, triste dans un sens, mais soulagé dans l'autre. Il passa devant la porte sombre et peu rassurante de la grande bibliothèques de dossiers en tous genres où il avait passé sa journée la veille et serra la poings. Il fut prit de l'envi d'entrer et détruire la boîte du projet Tears, mais n'en fit rien.

Arrivé dans le couloir des appartements, il fut surprit de voir la porte de Lynn entre-ouverte. Il toqua à celle-ci mais n'obtint aucune réponse. Il entra donc et fit le tour de l'appart. Personne. En ouvrant la porte de la cuisine, le chat lui sauta dessus et se frotta à ses jambes, soulagé. Mais où était-elle passé?

Tenshi bégaya un instant, intimidée par la carrure du Turk. Mais elle se ressaisit, s’inclina poliment en tendant les gants. Elle s’excusa de son intrusion et dit qu’elle cherchait une certaine Lynn afin de lui rendre sa paire de gants qu’elle avait oubliée une fois chez sa grand-mère. Rude n’était pas très dupe, aussi la raccompagna-t-il jusqu’à la porte d’entrée du bâtiment Shinra, attendant qu’elle s’éloigne un peu. Ce n’était qu’une gamine mais on ne savait jamais…

Le chat se frotta entre les jambes du rouquin, heureux que quelqu’un le sorte enfin de la cuisine. Même si ce quelqu’un était l’être à deux pattes qu’il affectionnait le moins. Kuro poussa un miaulement grave et se promena dans l’appartement, cherchant sa maîtresse dans chacune des pièces. Il colla son museau sur le sol tel un chien et se dirigea vers l’entrée. Il sortit dans le couloir et se mit soudainement à galoper jusqu’à la porte des escaliers. Celle-ci avait été mal refermée, ainsi l’animal parvint à passer sa patte dans la fine ouverture, usant de toute sa force pour créer un passage à sa dimension, ce qui n’était pas très difficile compte tenu de sa silhouette décharnée. Il se remit à courir, manquant plusieurs fois de louper les marches. Son odeur était encore fraîche, sa maîtresse ne devait pas être loin…

Quelque chose fila aux travers des portes de l’immeuble qui tardaient à se refermer, et une petite boule de poils noire vint se presser contre les jambes blanches de l’adolescente. Tenshi jeta un œil sur le sol, ses yeux s’agrandirent de stupeur en découvrant Kuro. Elle le prit doucement dans ses bras, lui demandant comment il avait bien pu sortir de la cuisine. Une personne l’avait aidé… Il valait mieux ne pas traîner, sinon ce serait retourner dans la cellule, et rien que d’y penser, un frisson la parcourut. Mais elle ne pouvait pas prendre Kuro avec. Elle le reposa donc sur le sol, lui désignant l’intérieur chaud et lumineux de l’accueil.

« - On reviendra, c’est promit. » dit-elle en s’accroupissant pour lui flatter la tête.

Reno fronça les sourcils devant la recherche du chat. Bon, ce n'était peut-être pas un chien détective, mais peut-être qu'il trouverait... Reno suivit le chat à bonne distance pour ne pas troubler sa quête et le regarda suivre une quelconque trace invisible. Après tout, il ne devait pas le laisser filler non plus, Lynn n'en serait pas très heureuse.

Quand il atteignit l'extérieur, Reno se dit qu'il devrait peut-être l'arrêter. Il fut suprit cependant le le voir près d'une jeune femme qui le caressait doucement. Reno s'approcha lentement. Où avait-il vu ce visage? Il ne pouvait le dire. Peut-être l'avait-il seulement vu en photo ou comme ça, dans la rue, sans lui porter un grand intéret. Et pourtant...

-Excuse-moi, fit-il à l'intention de la femme en plissant les yeux, fouillant toujours sa mémoire. J'aurais dû l'arrêter avant, il cherche sa métresse. C'est drôle, il n'est pas très amical normalement, dit-il en riant, se remémorant son mollet -qui décidément n'avait plus rien- griffé de la veille.

Reno se pencha pour prendre la chat avant qu'il ne se désintéresse des deux humains et son regard se posa sur celui de la femme. Ces yeux... Ils les avaient déjà vus, il en était certain. Il ne savait pas où mais... Et étrangement, il lui semblait qu'ils étaient ratachés au souvenir d'un linge à vaisselle... mais ça devait être un effet de son imagination. Cependant, il en aurait mit sa main au feu, il les avaient déjà croisés.

-Est-ce que... on s'est déjà rencontrés quelque part? Demanda Reno, incertain, toujours accroupit, une main sur le chat, ses yeux ancré dans ceux de l'étrangère.

Et mince, fallait que ça soit lui ! Dans le genre pas de bol, on peut dire que les sœurs Sunlight - ou Shisha si vous préférez - ont au moins leur place dans le top trois. Tenshi secoua négativement la tête. Il n’avait jamais pu la voir puisque c’était seulement la seconde fois qu’elle sortait depuis l’incident de Kalm. Elle se releva comme si elle avait été propulsée par un ressort, cherchant à détacher son regard de celui du rouquin. Elle ne comprenait pas comment la grande Lynn pouvait s’être attachée à un tel homme alors qu’elle ne supportait ni les gamineries ni les employés de Shinra. L’esprit de la blanche était sûrement le plus compliqué… L’adolescente esquissa un sourire en penchant la tête sur le côté. Elle n’aimait pas mentir mais pour l’instant, c’était ce qu’elle pouvait faire de mieux.

« - C’est impossible, je viens d’arriver en ville. Et d’ailleurs je dois y aller. »

Ses yeux croisèrent ceux du chat. Celui-ci trépignait sur place, essayant de s’échapper de la prise du roux qui pensait sûrement qu’il voulait s’échapper. Kuro commença s’énerver. Le bipède devait vraiment être aveugle ! Elle était là sa maîtresse, pas de doute possible puisque l’odeur ne mentait jamais. Bon d’accord, elle avait un peu changé physiquement mais c’était elle. Finalement, à force de se contorsionner, l’animal parvint à glisser des mains de Reno et, sans prévenir, sauta dans les bras de la jeune fille.

Tenshi eut un sourire navré à l’égard du matou. Le pauvre ne devait pas saisir toute la complexité de la situation. Elle resserra un peu son étreinte autour du frêle corps de l’animal, sans pour autant lui faire mal, et frotta sa joue contre la sienne. Elle le fixa dans le blanc des yeux pendant encore une dizaine de secondes avant de le tendre à bout de bras à l’homme.

« - Vous ne devriez pas trop vous en faire pour sa maîtresse, je suis certaine qu’elle reviendra rapidement. »

Ou tout du moins, elle l’espérait… Qui sait combien de temps la Shisha allait rester plongée dans son sommeil ? La jeune fille adressa encore un sourire radieux au rouquin, lui déposant le chat dans les bras et tourna les talons. Elle ne savait pas où aller, mais il était sûr qu’elle devait y aller.

Reno fronça les sourcils en voyant la femme s'éloigner et se retourna pour rentrer à la Shinra, perdu, déstabilisé et avec la forte impression de louper un truc important.

-Tu la connais? Demanda le rouquin au chat dans ses bras qui se débattait pour regarder par dessus son épaule.

Bien sûr, il n'eut aucune réponse et remonta à l'appartement de Lynn. C'était tout de même étrange... Elle n'aurait quand même pas laissé son chat tout seul et la porte ouverte. Reno se maudit intérieurement en prenant les clés qui traînait et quelques affaires appartenant au chat avant de rentrer chez lui en verouillant la porte de la blanche, espérant qu'elle viendrait le voir en rentrant pour qu'il lui ouvre. Si elle se faisait voler ou que Tseng se rendait compte de son absence -ou de la présence féline- le rouquin se serait sonti coupable.

Il instala le chat chez lui en étant doux et rassurant mais rien à y faire, il ne voulait rien savoir de Reno. Tant pis... au moins il pourrait le nourrire en attendant le retour de Lynn. Il s'assit dans son divan et laisssa ses pensées dériver, cherchant où était la blanche. Il fut prit de l'envi intense de se lever et ramener la boîte du projet Tears chez lui, boîte qu'il aurait aimé mieux ne jamais voir de sa vie. Il n'avait pas lu son contenu. Il n'en aurait pas été capable, il avait beau être Turks, il avait une morale. Mais il pensait à se carton à tout moments de la journée. Il se retourna vers le chat.

-Tu sais toi ce que c'est? Demanda Reno. Pourquoi elle est comme ça?

Il n'eut toujours pas de réponse, évidemment, mais le chat s'assit au sol et regarda le rouquin en penchant un peu la tête. Reno ferma les yeux. Il parlait à un chat... Mais c'était bien Lynn qui lui avait dit qu'il pouvait se confier à lui, non? Reno entâma alors une longue conversation solitaire avec la boule de poil, se vidant le coeur de sa découverte. Au moins, il semblait l'écouter.

La gare n’avait pas été dure à trouver, le quai des trains en partance pour le troisième secteur encore moins. Tenshi s’y était faite toute petite et avait ensuite marché avec le plus de naturel possible jusqu’à l’arrière de son hangar. Elle décoinça la porte rouillée à l’aide d’un code installé par la grande Lynn autrefois et que seules elles pouvaient connaître. Les néons clignotèrent, projetant leur lumière artificielle sur les murs et les meubles gris qui commençaient déjà à se recouvrirent de poussière. Passant devant l’unique miroir du logis, l’adolescente remarqua que ses racines s’éclaircissaient, tirant un peu sur le blanc, signe d’un réveil proche de la Shisha. Si cela se passait comme la dernière fois, mieux valait se préparer. Aussi s’allongea-t-elle sur le matelas dans la partie chambre, et prit l’oreiller entre ses bras, y plantant ses doigts. Lynn avait toujours eu un mauvais réveil.

Elle ouvrit les yeux, le teint nauséeux. Où était-elle ? Elle se redressa. Dans le hangar ? Pourtant elle avait eu l’impression de s’être endormie dans son appartement… La voix aigre de la rousse lui parvint, lui expliquant brièvement la journée que Tenshi avait passée. Lynn se mordit la lèvre. Toute une journée sans donner de nouvelles, c’est bon, c’était foutu. Il était hors de question de retourner à la Shinra désormais. Et pourtant, elle se leva et se dirigea vers la porte de sortie. Kuro était encore là-bas, ainsi que Ichi et Ni’Baiku. Elle ne pouvait pas les abandonner eux aussi. Elle jeta un œil à son mémo électronique et se mit à courir. Le train d’une heure du matin allait bientôt partir.

La blanche parvint à l’attraper de justesse, entrant seulement quelques secondes avant la fermeture des portes. La montée vers le grand Midgar se déroula sans incident, hormis le fait qu’une boule de stress s’était petit à petit nouée au niveau de son estomac. La jeune femme se dépêcha d’arriver jusqu’à l’imposante tour de la multinationale, montra son laissez-passer et grimpa les escaliers à toute allure. Une chance qu’à cette heure il n’y avait personne ici. Elle fit une halte à l’étage des bureaux, entrant dans le sien. Tseng avait laissé la pile de dossiers qu’elle aurait dû remplir dans la journée telle quelle. Elle s’en empara, décidant brusquement que tout pouvait encore continuer si la chance le permettait.

La porte de l’appartement refusa de s’ouvrir, énervant légèrement Lynn qui se demandait si Kuro n’avait pas eu une crise d’intelligence qui lui aurait permit de la refermer. Non, il aurait déjà eu un mal fou à ouvrir la cuisine alors si en plus il devait mettre les clés dans la porte d’entrée et ensuite les tourner, c’était quasiment impossible. Elle posa les dossiers sur le sol, et avança jusqu’à l’appartement de Reno. Sa main resta en suspens. Toquer à une heure pareille, elle allait sûrement le réveiller. Quoique, si c’était lui qui avait les clés, il aurait peut-être attendu un peu avant d’aller se coucher. Mais ce n’était pas ça le plus dérangeant. Il lui demanderait sûrement des explications. Et il ne les aurait pas. Tant pis si cela se finissait par une mini-dispute, elle avait un peu l’habitude à présent. Elle frappa deux coups et attendit. A l’intérieur, Kuro dressa une oreille en tournant la tête vers l’entrée. Il se mit aussitôt à cavaler, freinant juste à temps pour ne pas foncer dans le mur. Il se dressa sur ses pattes arrière, appuyant celles avant sur la porte et poussa un miaulement pressant à l’égard du rouquin.

Reno se leva du divan où avait fini par tomber dans un demi sommeil. Traînant les pieds mais se dépêchant quand même, il se rendit à la porte, sachant pertinament qu'il ne s'agissait pas du père noël. Il prit les clés au passage et alla ouvrir la porte.

-Bon sang, mais tu étais où? Demanda-t-il en chuchotant, faisant des yeux ronds. Tu t'en va en laissant la porte ouverte et sans le dire à personne! Je sais que t'es une grande fille mais...

Reno cessa de parler. Quoi? Il avait eu peur? Il était inquiet? Et alors? Elle s'en ficherait probablement... Il lui rendit ses clés et la nourriture de Kuro en lui souhaitant bonne nuit, l'avisant que Tseng ne savait pas qu'elle avait quité son appart.

-T'auras qu'à lui dire que t'étais malade, dit-il simplement en tentant de reprendre un air neutre.

Lynn ne pu empêcher son visage de se fermer, dardant le rouquin d’un regard noir qui coupa court à tout espoir de conversation. Elle s’empara des clés et de la nourriture, tourna les talons et repartit vers sa porte sans rien dire. Kuro la suivit docilement, se retournant pour lancer un regard compatissant au roux. Elle ouvrit sa porte, ramassa les dossiers et disparut dans l’encadrement. La porte ne claqua pas, mais c’était tout comme vu la manière dont elle s’était refermée.

La blanche se concentra sur les rapports pour éviter de penser à autre chose. Elle l’avait certainement inquiété à disparaître comme ça, cela s’était vu à son regard, mais elle n’avait pas la tête à se justifier ou à s’excuser. De toute façon, pourquoi s’était-il inquiété ? Il l’avait dit lui-même, elle était une grande fille et puis… La pointe de son stylo s’immobilisa. Et puis rien du tout, il fallait qu’elle remplisse ces fichus dossiers avant le lever du soleil. Le chat se roula en boule sur ses jambes, ronronnant afin d’éloigner les troubles qui encerclaient sa maîtresse.

La lune s’enfuit furtivement, laissant apparaître un soleil bougon et entouré de nuages gris. Lynn se leva du canapé, alla fermer la chemise cartonnée qui était restée sur la table de cuisine et se prépara. Elle empila à nouveau les dossiers, remplit la gamelle de Kuro, installa la litière et partit à son bureau. Elle rangea son travail de nuit dans la bibliothèque qui contenait toutes les archives de la Shinra et s’arrêta en plaçant le dernier rapport, un vieux plan d’un moteur à charbon, à sa place avec les autres rapports du même genre. Son attention fut attirée par le carton qui se trouvait juste à côté. Elle déglutit difficilement. Comment le projet Tears s’était retrouvé là ? Des marques de doigts dans la poussière qui couvrait la boîte lui indiquèrent que l’on avait jeté un œil à son contenu. Fébrilement, la jeune femme amena le carton jusqu’à elle et fit coulisser le couvercle avec une infinie lenteur. C’était la première fois depuis l’incident qu’elle revoyait ce qui retraçait sa vie. L’horloge de la pièce signala une heure encore acceptable pour ne tomber sur personne dans les couloirs. Elle se remit debout, referma la boîte, la souleva et fit demi-tour.

Tseng lui avait posé quelques questions sur la veille, mais le teint pâlot de la blanche avait appuyé ses dires quand elle avait prétendu s’être sentie mal. A vrai dire, elle était juste angoissée. Qui savait ? Qui avait ouvert, et certainement consulté, le projet ? Ce dernier, elle avait eu le temps d’aller le déposer chez elle, dans un coin reculé de sa chambre, avant de regagner son bureau dans les temps. Elle se mit à trembler une dizaine de secondes, se reprit, et continua ce pourquoi elle était là : le remplissage de dossiers.

Lynn s’assit à la table de la cafétéria sans un mot, évitant de croiser le regard de Reno autant que possible. Elle culpabilisait un peu de s’être montrée aussi désagréable lorsqu’elle était venue reprendre son chat et ses clés mais elle ne pouvait pas l’avouer. Alors elle resta muette, écoutant distraitement ce qu’Elena avait à dire.

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