Retour à Midgar

Reno se releva avec un sourire mi-moqueur, mi-navré. Ç'avait été trop rapide, l'homme aurait dû être un peu plus résistant... Enfin, il revint vers Lynn en jetant un bref regard à l'homme à ses pieds.

-Pas mal le coup de poing, commenta Reno tout sourire.

Il se retin pour ne pas lancer une plaisanterie douteuse sur ''son'' rouquin alors que l'image de le vieille à l'horloge lui revenait en mémoire.

Les deux se remirent en marche vers le parc. Ça faisait du bien un peu d'exercise! Reno regardait la blanche du coin de l'oeil et son sourire devint taquin.

-Tu réagit toujours comme ça quand les mecs te disent que t'es de leur goût? Demanda-t-il en riant presque, se remémorant l'expression de la femme face au premier homme.

Le regard de la jeune femme se troubla légèrement. Elle ralentit l’allure, fixant le roux avec un air d’incompréhension.

« - Je n’aime pas les menteurs, c’est tout. Qui pourrait trouver une fille avec des cheveux blancs à son goût, hein ? »

Elle avait prononcé ces paroles avec un certain dégoût dans la voix, son visage souhaité visiblement reprendre sa fermeté habituelle mais il se détendit à nouveau alors que Lynn souriait à nouveau avec embarras.

« - Bah ! Je dois te saouler avec ça, après tout t’es pas là pour m’écouter me plaindre. »

Disant cela, elle lui donna une trop vive claque dans le dos qui bouscula un peu le rouquin. Eden se tordit sous l’effet d’un rire nerveux et moqueur. Tenshi poussa un soupir. Tu continues comme ça et tu vas lui arracher les poumons... Encore plus embarrassée, Lynn regarda ses pieds en bafouillant des excuses.

Reno se retourna en le regardant avec incompréhention, tentant de dissimuler la douleur que la claque avait faite naître dans son dos et la surprise que la femme le touche ainsi.... comme un ami ou... enfin, plus qu'une simple connaissance.

-Ils sont super tes cheveux... Ils sont uniques et ça te va très bien. Tu devrais en être fière, c'est une partie de toi et on se fiche de ce que les autres en pensent... Crois moi, tu est vraiment très belle.

Reno avait terminé dans un murmure, surpris de ses propres paroles. Non qu'il ne les pensait pas... Il ne s'était seulement pas rendu compte qu'il les penssait. Il ne s'était pas rendu compte non plus qu'ils s'étaient arrêtés de marcher en plein milieu de la rue déserte, à quelques centimètres l'un de l'autre.

Embarassé, probablement autant que Lynn semblait l'être, Reno eut un petit sourire gêné. Il glissa son regard turquoise vers elle. Il n'avait jamais dit cela à une fille. Il draguait souvent mais... pour draguer. Sourire charmeurs, clin d'oeils, voix sensuelle... Jamais il n'avait parlé ainsi, c'était... une tout autre chose.

Sa bouche s’ouvrit mais se referma aussitôt, aucun mot ne lui venant. Reno semblait étrange. Lynn passa inconsciemment sa main dans ses cheveux, ne sachant comment prendre ce compliment. Elle releva la tête vers le rouquin en croisant les bras sous sa poitrine.

« - On ferait mieux de rentrer... »

Alors elle lui tourna le dos et reprit doucement le chemin inverse. Perdue dans ses pensées, elle n’apportait que peu d’importance à ce qui l’entourait. Il ne devait pas briser cette coquille qui la protégeait, ou bien... Son regard grisâtre coula discrètement vers l’homme. Eden lui donna une gifle mentale. Pas de compassion pour les ennemis. Oui oui, Eden, pas de pitié ni d’humanité. Ils n’en avaient jamais fait preuve, les Sunlight ou la Shinra, alors pourquoi elle, elle devrait ? S’arrêtant brutalement, Lynn fit volte-face et se mordit les lèvres.

« - Je... »

Elle prit une profonde inspiration et débita d’un seul trait.

« - Je préfères qu’on ne soit pas ami. Je ne veux pas que tu penses à tort, je... Je suis désolée, Reno... »

Reno eut alors un regard perdu et atristé. Elle ne voulait pas être amie avec lui? Alors c'était quoi cette soiré? Bien plus qu'un simple remerciment du point de vue du rouquin. Et puis ils n'étaient plus à la maternelle.

-Mais... pourquoi? On a toujours besoin d'alliés dans la vie, d'amis et... Excuse-moi si j'ai fais quelque chose qui t'as blessé, je... ce n'était pas mon but...

Confu, Reno se raprocha un peu pour mieux discerner ses traits, voir si elle était scincère...

Lynn eu un sourire désolé et secoua un peu négativement la tête. Comment allait-elle expliquer ça à présent ? La rouquine la félicita de s’être mise elle-même dans une telle situation, tandis que celle aux cheveux châtains préféra se rendormir. C’était trop tard pour faire demi-tour cette fois.

« - Tu ne peux pas comprendre. Enfin, ce n’est pas ce que je veux dire mais... Crois-moi, il vaut mieux que l’on ne soit que collègues et rien de plus. »

La blanche décroisa les bras et courba encore une fois l’échine. La prochaine fois, elle n’agirait plus par impulsion, désormais consciente que même dans les relations humaines tout était question de subtilité et de tact. Sa langue subit une morsure phénoménale afin d’évacuer le stress qui la gagnait lentement, mais sûrement.

Reno ne comprenait pas. Pourquoi? La mine plus triste que jamais, il regarda les yeux gris de la femme. Il ne voulait pas trop pousser et la rendre furieuse ou l'étouffer, ni laisser tout tomber.

-Lynn... Si... si tu veux me parler, je suis là...

Il se rendit compte de la stupidité de sa phrase, ils ne se connaissaient que depuis deux jours après tout, pourquoi viendrait-elle lui parler?

-Je veux dire... Ma porte est toujours ouverte et si tu te sens seule ou que tu veux te vider le coeur, je suis prêt à t'écouter, je parle peut-être beaucoup, mais je sais écouter et... garder pour moi ce qui doit rester secret. J'en ai peut-être l'air, mais je ne suis pas un débile heureux et... je sais que... Reno se mordit la lèvre, il ne voulait pas l'offenser. Tu est spéciale... je ne peux dire en quel sens, mais je sais que tu n'est pas comme les autres... tu n'as pas changé aussi subitement pour rien n'est-ce pas?

Reno n'attendait pas de réponse. Il espérait de tout coeur qu'elle changerait d'idée, mais il n'y croyait pas vraiment. Il la ramènerait à la Shinra, la saluerait et ils ne feraient plus que cela, se saluer. C'était le scénario qu'il se faisait en attendant que la blanche parle ou fasse quelque chose.

Son corps se raidit, ses traits reprenant un air glacial. Ses mains tremblèrent imperceptiblement. Elle devait se calmer, elle en était consciente mais... Pourquoi lui disait-il cela, hein ?! Oui, ça elle le savait qu’elle était spéciale, n’importe qui pouvait dire ça rien qu’en la voyant. Oui, elle n’était pas comme les autres, et c’était pour ça qu’elle les haïssait, ces autres. Ceux qui sortent des normes établies sont toujours regardés différemment, comme des bêtes de foires, des anomalies de la nature. Mais qu’est ce qu’ils y peuvent s’ils sont différents ? Lynn serra les dents et jeta un regard emplit de reproches au rouquin. Et de quoi se mêlait-il celui-là ? Prêt à l’écouter ? C’en était presque risible. S’il voulait vraiment l’aider, qu’il commence à mesurer la portée de ses propres paroles.

« - Je n’ai besoin de personne, vous êtes tous pareils au fond. » murmura-t-elle entre ses lèvres.

Elle tourna les talons et s’éloigna le plus rapidement possible, sa chevelure formant un halo blanc autour de son visage contracté. Une boule s’insinua dans sa gorge un mélange de rage et de haine, avec un soupçon de... tristesse ? Un soupir décoinça cette boule lorsqu’elle arriva à la Shinra. La jeune femme emprunta les escaliers et, au fur et à mesure qu’elle gravissait les marches, son esprit s’apaisa. Peut-être avait-elle été un peu dure... Non, et tant pis si cela gâtait le début de confiance qu’il aurait pu établir en elle. Elle trouverait bien une autre manière de triompher. S’arrêtant à mi-chemin, Lynn serra les poings et inspira un bon coup. Elle n’avait pas sommeil, alors plutôt que de tourner en rond, dans son appartement poussiéreux, elle allait s’occuper un peu, histoire de passer le temps et d’oublier temporairement ce qui venait de se produire.

Sans bruit, elle descendit au sous-sol où étaient entreposés les véhicules et, prenant les outils qui restaient toujours dans les sacoches arrières de Ni’Baiku, s’affaira sur le moteur de ses deux roues. Avant cela, elle ôta sa veste et mit ses gants, relevant les manches de sa chemise blanche et tirant sa cravate, pour plus de commodité. A un moment, elle s’assit sur la selle en amazone et fixa bêtement le sol, les yeux plissés, en pleine réflexion. A cinq heures, elle irait commencer les dossiers qui devaient déjà attendre sagement sur son bureau... En attendant, elle pouvait toujours essayer de resserrer quelques boulons et autres pièces.

Reno retourna tristement à la Shinra. Il traîna les pieds jusqu'à l'ascensseur et appuya sur le bouton. Il s'en voulait. Il avait voulu la confiance de Lynn et l'avait perdu en sortant une réplique stupide qui ressemblait à «je te comprends» alors qu'il ne comprenait rien du tout. Il était curieux, voilà tout. Non, ce n'était pas tout, là c'était différent.

Quand l'ascensseur sonna son étage, il en sortit et marcha lentement jusqu'à sa porte. Furieux contre lui-même à présent, il dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à introduire la clé dans la serreure. Il se laissa finalement tomber sur le lit en retirant sa chemise et ferma les yeux, se demandant si tout était perdu ou s'il pourrait se racheter.

Non, rien n'était perdu, décida-t-il. Il attendrait un moment puis tenterait de renouer avec Lynn. Il attendrait que la poussière retombe et que la femme accepte de lui parler de nouveau. Il se demanda s'il devait s'excuser. C'était trop tôt pour lui reparler, il en était conscient, mais...

Incapable de dormir, il se leva et tourna en rond. En jurant, il prit finalement un bout de papier sur le quel il écrivit simplement «Je suis désolé» et sortit de son appartement. Il passa devant la porte de Lynn mais continua tout droit. Pas ce soir, si elle ne dormait pas, elle n'en serait que plus frustrée et croirait qu'il la colle. Non, Reno continua jusqu'au bureau de la femme et glissa le papier sous la porte. Elle le trouverait le lendemain. Reno retourna rapidement à son lit de peur de se faire prendre... par qui? Il avait le droit d'être là! Il soupira néanmoins en retrouvant son matela et ferma les yeux, tentant de dormir quelques heures au moins.

Quelque chose bipa. Lynn eut un sursaut et dégringola du siège du deux roues. Elle grogna en s’étirant et se frotta les yeux. Elle s’était laissée happer par le sommeil bien qu’elle eu longuement lutté contre. Sa main s’empara maladroitement d’un petit boîtier électronique d’où provenait une sonnerie courte mais énergique. Elle pressa un bouton et le son fut coupé. Une douleur sourde lui tirailla le cou, voilà ce que s’était de dormir sur une moto, on pouvait rêver plus confortable. La blanche se massa rapidement les cervicales, rangea ses outils et regagna son appartement en traînant les pieds. Une chance que tout le monde dorme, ses sœurs de corps comme les autres employés Shinra. Chance pour eux, car la jeune femme ne semblait visiblement pas très amicale ce matin. Simple conséquence de sa mauvaise nuit ou bien était-ce à cause des remords qui profitaient de cet instant de faiblesse pour l’assaillir ?

L’eau tiède qui coulait le long de sa peau l’éveilla et lui rafraîchit les idées. Evitant soigneusement de mouiller sa chevelure, Lynn laissa la douche projeter ses ondées sur son visage, relaxant ses muscles et lui donnant assez de courage pour attaquer la journée d’un meilleur pied. Sèche et habillée, elle arracha un bout de baguette, qui commençait déjà à durcir, et le grignota en regardant par la fenêtre de la cuisine. Au loin, le soleil se levait, teintant d’un rose pur et doux les nuages et le ciel. La nuit fuyait, par crainte d’être engloutie par le rayonnant astre. Spontanément, Lynn se vit très bien à la place de la lune, fuyant tout comme elle face à ce qui lui faisait peur. Un petit rire nerveux s’échappa de sa gorge devant une telle absurdité. Que serait son soleil alors ? Une chose, une personne, voire les deux ? Le quignon de pain atterrit à la poubelle. Elle allait finir par être en retard avec toutes ces sottises.

La porte s’ouvrit sur une pièce étroite comportant un bureau, une chaise et... des dossiers. Une pile sur le meuble principal, une autre de chaque côté. C’est partit pour une magnifique journée de grattage ! Lynn referma la porte et quelque chose de blanc, sur le sol, attira son attention. Un morceau de papier. Elle le prit du bout des doigts et le lu. Ses sourcils se froncèrent. Un mot glissa sur ses lèvres. Idiot... Pas dans le sens négatif, non, en pensant cela elle semblait un peu joyeuse... Pas vraiment joyeuse mais c’était quelque chose d’approchant. Enfin bref, le petit mot rejoignit l’un des tiroirs et la demoiselle remplissait déjà le premier dossier qu’elle venait d’ouvrir devant elle. Tseng aussi avait laissé un mot, mais celui-là n’avait pas de quoi faire sourire. Avant midi. Bon, il lui restait sept heures pour rédiger une trentaine de rapports. Ca pouvait le faire...

Reno se leva difficilement et se prépara comme tous les matins à affronter sa journée. Il se rendit à son bureau, en retard, comme à l'habitude, évitant de regarder la porte de Lynn en passant devant. Il se sentait toujours aussi honteux. (Mais arrête de bouger tes jambes Vincent, je m'asseoirai plus sur toi!!!!)

Il entra dans son bureau en soupirant de découragement devant la pile de dossiers. Il commença le travail, résigné pour une fois, lui qui s'amusait d'habitude à cacher les différents documents un peu partout dans la Shinra.

La journée fut longue mais le rouquin ne la vit pas vraiment. Il était dans un second état et c'est la tête basse qu'il termina son travail et sortit de son bureau le soir venu pour retourner à son appartement.

Un dernier trait et le dossier fut enfin refermé. Lynn poussa un soupir de soulagement, rangea la chemise en carton avec les autres et se dirigea vers les archives. Elle était encore la dernière dans les bureaux, son supérieur utaïen n’ayant eu aucun scrupule à lui rajouter toujours plus de rapports à remplir. Ordonner le tout ne lui prit pas longtemps, encore une demi-heure et elle pourrait enfin se reposer dans un vrai lit. Son regard s’arrêta alors sur un des cartons. Un frisson la parcourut entièrement. Sur ce carton on pouvait lire Tears (Projet). Elle haussa les épaules et passa son chemin, éteignant la salle derrière elle. Revenant à son bureau personnel, elle arracha un coin d’une feuille blanche, y griffonna quelque chose et partit.

Ses pas résonnaient dans l’escalier, des questions se bousculaient dans sa tête. Ferait-elle mieux de détruire ces preuves ? Non, pas dans l’immédiat car cela pourrait paraître suspect. Restait plus qu’à prier sa bonne étoile, si elle en avait une bien sûr. Passant devant la porte de Reno, elle y glissa son morceau de papier à elle, en réponse à celui qu’il lui avait laissé la veille. Moi aussi. C’était court et simple, mais au moins il pourrait savoir qu’il n’était pas le seul à être désolé.

Le matelas émit une plainte métallique quand la jeune femme s’y laissa choir après une bonne douche. Son regard resta suspendu au plafond. Le sommeil est traître, il ne nous prend uniquement que lorsque l’on a pas envie de lui. La blanche se releva alors, ouvrit une fenêtre du salon, prit son paquet de cigarette, qu’elle n’avait pas touché depuis le début de la semaine - un record ! - et s’en alluma une. La lune et elle se dévisageaient. Qui avait peur du soleil finalement ? Celle qui se cache à son arrivée ou bien celle qui sympathise avec lui pour mieux le frapper ensuite ? L’humaine esquissa un sourire et expira un rond de fumée. La nuit allait être longue...

Reno se traîna jusqu'à sa chambre et y entra en soupirant. Il serait de nouveau seul ce soir... Un bout de papier attira alors son attention. Il le prit, intrigué, n'osant trop espérer. Moi aussi. Reno sourit. Cela signifiait-il que la femme ne lui en voulait pas vraiment? Qu'elle recommencerait à lui parler? Qu'il pourraient reprendre là où ils s,étaient laissés la veille?

Reno prit une douche et se laissa tomber sur son divan, en proie à des interrogations mais plus à la tristesse de la veille.

Soudain, il sentit un vide, un manque. Son portable! Il l'avait laissé dans son bureau!

Il se leva et se mit à courir dans le couloir, tel la petite tornade qu'il était. Il fit le trajet en un temps record, manquant de faire un face à face avec plusieurs employers. Il récupéra le petit engin. Aucun message... Un peu déçu, lui qui aurait aimé sortir de son appart, il repartit en sens inverse, courant rapidement, sautant les paliers des marches avec un bouquant infernal. Il arriva dans l'aile des appartement des Turks et donna un dernier sprint.

Il n'avait pas vu la plante décorative dans le grand pot au sol et son pied -couvert d'un bas seulement- le heurta violement, lui cassant presque l'orteille sous le choc. Son élan continua néanmoin et il culbuta en se prenant l'autre pied dans le tapis et se retrouva étalé sur le sol.

-MERDE!! Hurla-t-il pour rajouter à l'énorme bruit d'enfer qu'il avait déjà produit.

Il s'assit dificilement, se frottant la tête d'une main et serrant ses orteilles dans l'autre. Sa vue brouillée revint et il constata qu'il se trouvait au beau milieu du couloir. Elena, Tseng et Rude devaient bien se marrer dans leurs chambre et aucun ne sortirait pour l'aider. Une porte s'entrouvrit néanmoins et Rude apparut en riant... suivit de deux autres porte; Tseng et Elena.

-Ta geule! Ça fait mal! Cria Reno en lançant un bas vers Rude, déçu de ne pas avoir mieux... comme un soulier par exemple...

Les portes se refermèrent mais les rires persistèrent encore un peu. Putin, ça faisait mal.

Lynn tourna la tête. C’était quoi encore ce vacarme ? Bizarrement, elle avait cru entendre la voix de Reno. Se frappant le front de la paume de sa main, elle se demanda si ce mec ne faisait pas tout pour se faire remarquer... Cigarette trônant au coin de ses lèvres, elle sortit de son appartement et regarda le rouquin assit dans le couloir. La jeune femme secoua la tête avec lassitude. Elle s’avança vers lui et remarqua qu’il se tenait le pied.

« - Fais voir. » dit-elle en s’accroupissant devant lui.

Chassant les mains de l’homme d’une petite tape, elle tâta l’un après l’autre les orteils. Le petit était cassé. Restant un instant pensive, Lynn parvint à tirer la Tenshi de son sommeil pour lui demander de l’aide. Et bien que l’adolescente se montra contrariée d’être tirée de son sommeil pour un orteil cassé, elle absorba la brisure de l’os pour la mettre sur la blanche, comme l’avait exigé cette dernière. Celle-ci se redressa, coinça le tube de nicotine entre son index et son majeur, et fixa le roux avec un sourire moqueur sur les lèvres.

« - Tu chouines pour un rien maintenant ? T’as juste eu plus peur que d’mal, alors lèves-toi et vas te coucher. »

La porte de son appartement se referma sur elle. Direction la salle de bain où elle fit un joli bandage à son propre petit orteil qu’elle contempla ensuite d’un œil bienveillant. Mais pourquoi l’avait-elle aidé ? Haussant les épaules, Lynn rejoignit sa chambre, fouilla dans sa valise, qu’elle n’avait qu’à moitié défaite d’ailleurs, de la quelle elle sortit un petit cendrier. Elle y écrasa sa cigarette et s’en ralluma une autre, sûre cette fois de faire une nuit blanche.

Reno resta assis au milieu de couloir. Son regard passait de sa main que la femme avait tapoté, à son pied qui ne lui faisait plus mal, à la porte de la femme. Il la contempla un très long moment avant de revenir à ses orteilles. Il bougea lentement ses orteilles. Non, impossible, ça avait fait un mal de chien, le coup avait vraiment été fort et là... il ne sentait plus rien... Au bout d'un très long moment, il se leva et fit quelques pas. Rien.

Il se remit donc à courir, regardant la porte de la blanche derrière lui qu...PAF! La porte en pleine figure. La porte? Il croisa alors le regard de Tseng.

-MAIS QU'EST CE QUE TU FAIT? Cria Reno.

-Je m'assurait que tu n'avait pas laissé de sang ou de bave sur le plancher... bonne nuit.

Et la porte se referma sur un petit rire. Décidément, cet Utaien ne riait que quand le rouquin se faisait mal! Reno reprit sa course et s'arêta à quelques centimètres de sa porte. Il jeta un dernier regard à la (cherche un synonyme) planche de bois muni d'une poignée... de porte qui gardait l'appartement de la blanche close. Il entra dans la sienne et se rendit à sa chambre. Il avait entendu le craquement, il n'était pas fou, son orteil était...

Il aurait une grosse bosse sur la tête le lendemain aussi... Il s'endormit en repenssant, étrangement, à la cigarette de Lynn. Il avait arrêté depuis quelques mois mais... Non, penser à autre chose, dormir...

Lynn fit une grimace en voyant les cernes qui soulignaient ses yeux. Sa peau étant très blanche, les vaisseaux sanguins qui se trouvaient à ce niveau avaient tendance à ressortir facilement. Toute femme normale aurait mit un peu de fond de teint pour cacher ça mais comme Lynn est tout sauf normale, eh bien elle n’a pas de maquillage... Mais ce n’était pas très grave. Après tout, elle allait encore rester enfermée dans son bureau, et avec un peu de chance, la seule personne qu’elle verrait serait Tseng, qui s’en foutrait royalement. Elle vida le cendrier dans la poubelle, et jeta avec le paquet qu’elle avait entamé, et finit, durant la nuit. Tenshi avait eu beau la sermonner, quand on n’a pas envie de dormir et bien en général on ne peut pas. Les baguettes, trop dures à présent pour être consommées, rejoignirent les mégots. Il était tôt mais la boulangerie qu’elle avait visitée auparavant serait peut-être déjà ouverte, qui sait...

**
*

Sa main gantée pressait le gobelet rempli d’un café sur lequel la jeune femme soufflait pour qu’il refroidisse plus vite. A sa grande surprise, elle avait trouvé sur son bureau une feuille avec marqué RDC dessus. Donc, la voilà qui poireautait dans ce fameux rez-de-chaussée du bâtiment Shinra, en se demandant si une mission l’attendait aussi. Elle prit une gorgée du liquide noir. Trop chaud, il lui brûla la langue. Et son orteil qui la lançait aussi... Si c’était vraiment une mission, que celui qui doit lui apporter se dépêche, ou bien il aurait droit à une blanche maussade et irritable...

Reno descendit les escaliers dangereusement vite. Ça lui apprendra à arriver en retard à son bureau! Et l'ascensseur qui n'arrivait pas! Tant pi s'il se foulait la cheville, il devait arriver au plus vite en bas!

Quand il arriva enfin, il vit les autres Turks, la mine sombre, qui l'attendaient. Il baissa honteusement la tête et s'approcha. Tseng expliqua rapidement qu'ils avaient une mission pour la journée. Rien de bien gros ni de bien loin. Ils restaient à Midagr et donc ne prenaient que des motos ou des voitures. Ils devaient se rendre dans une maison pour y saisir des armes illégales et si les habitants résistaient, les tuer.

Une mission de routine pour le rouquin. Il savait que s'ils étaient autant, c'était pour guider Lynn et voir comment elle agirait à tout moment, après tout, c'était se première mission.

Le groupe partit donc pour le stationnement sous-terrain, Reno un grand sourire, heureux de sortir, même pour une mission aussi brève. Puis, il apperçu Lynn. Elle marchait étrangement. Elle ne bouettait pas vraiment mais elle semblait avoir mal... Reno regarda ses pieds et il reçu un coup à l'estomac. C'était le même pied qu'il s'était fraquassé la veille. Un adon? C'était plutôt étrange.

Reno emboita le pas au groupe mais ne put parler à Lynn, ne désirant pas que les autres entendent quelque chose. Il enfourcha sa moto et décolla.

Le plan était d'entourer la demeure. Tseng et Elena dans une voiture, lui, Lynn et Rude sur des motos. Ils se séparèrent à mi chemain, Rude suivant la voiture noire et Reno avec Lynn. Le bruit des moteurs étaient trop fort, aussi décida-t-il de reporter sa question à plus tard... après la mission, le plus tôt possible.

Et qui était en retard, comme d’habitude apparament, au point de taper sur les nerfs de tout le monde ? Lynn se dit qu’elle aurait mieux fait de le laisser avec son orteil pété celui-là... Finalement, Tseng pu expliquer la mission qui apparut comme simple aux yeux de tous, même à la blanche qui pourtant n’aimait avoir à ôter la vie. M’enfin, à présent elle ne pourrait plus faire autrement. Au garage souterrain, elle hésita un instant avant d’enfourcher Ichi’Baiku qui était, certes, la plus lourde, mais aussi la plus silencieuse. Faisant fi de la douleur, elle démarra et suivit docilement le reste du groupe.

La maison était rafistolée de toutes parts, étroite et barricadée. Les moteurs se stoppèrent les un après les autres, les conducteurs restant assis sur leur véhicule. L’utaïen, la blonde et le chauve se tenaient sur l’arrière de la demeure, tandis que le roux et la blanche tenteraient une approche par l’avant. Approche qu’ils ne purent même pas amorcer puisque le comité d’accueil était déjà là. Les balles se mirent à pleuvoir en pleine rue, déserte heureusement. Bon, au moins ils ne s’étaient pas trompés d’endroit. Lynn jeta un regard à Reno avant de gagner la porte de la maisonnée en virevoltant autour des projectiles. Elle se plaqua contre le mur, prévoyant que les ennemis tirent dans la porte quand elle tenterait d’ouvrir. Sa main tâtonna jusqu’à trouver la poignée qu’elle ouvrit le plus rapidement possible avant de retirer sa dextre. Les coups de feu redoublèrent. A croire qu’ils avaient des mitraillettes chez eux...

Claw brilla au soleil, révélant un tranchant parfait. Quand les tirs s’arrêtèrent, pour que ceux qui tenaient les armes puissent recharger, la jeune Turk se lança par l’embrasure de la porte et chopa l’un des types à la gorge, tandis que l’autre elle s’apprêtait à frapper. Fallait que Reno se magne, elle ouvrait la voie, il la refermait. Pure logique.

Reno s'élança à la suite de la blanche, bâton à la main. Il le maniait aisément et couvrait la blanche pour éviter de rester coincés à l'intérieur. Le tout se passa très vite. Rude et Tseng étaient également entrés mais plus subtilement et cherchaient l'endroit où le reste des armes se trouvaient.

Ce ne fut pas long que les coups de feu cessèrent. Plus de la moitié des hommes étaient morts ou assomés et les autres s'étaient retrouvés piégés entre Rude et Reno. Ils lâchèrents leurs armes et levèrent les mains. Rude et Tseng se précipitèrent pour les interroger... Il n'en restait que cinq, au plus. Reno fouilla alors la pièce du regard. Lynn n'était nulle part.

Inquiet, il fit quelques pas et l'appella. Et si elle s'était faite touché? Son orteil avait l'air de lui faire vraiment mal après tout... un faux mouvement et... ou alors elle était partie aider Elena à sortir les armes et les mettre dans la voiture? Reno l'appella de nouveau. Un éclat blanc sur sa droite attira soudain son attention.

Dans le tumulte, Lynn parvient à ôter son gant droit et à transférer la brisure de l’os qu’elle avait au pied sur l’un des cadavres, ni vu ni connu. Au moins comme ça, elle ne boitait plus. Puis, sur la demande de la petite blonde, elle s’éclipsa au sous-sol en sa compagnie. Des caisses d’armes très diversifiées. Pistolet, mitraillettes, sniper, grenades... En quelques allers-retours, tout fut chargé dans le coffre de la voiture noire. La blanche se redirigea vers ce qui devait être le salon pour récupérer les armes utilisées quelques minutes auparavant. Une voix l’appela alors qu’elle faisait irruption dans la pièce. Reno semblait inquiet. Quoi ? Il avait cru qu’elle s’était faite avoir ? Lynn retira les fusils des mains des corps inconscients ou privés de vie et alla les apporter à Elena.

Redescendue seule à la cave pour vérifier qu’il ne restait plus rien, un reniflement attira son attention. Ca devait grouiller de souris par ici, et des grosses avec des formes humaines à en juger les chuchotements qu’elle percevait à présent. Lynn s’approcha du mur du fond sur lequel elle toqua deux coups. Cela sonna creux. Cachaient-ils encore des armes là derrière ? S’appuyant sur le mur, celui-ci pivota et fit tomber la jeune femme sur le ventre dans une pièce cachée. Lorsqu’elle releva les yeux, son regard croisa celui terrifié d’une femme qui tenait fermement un petit garçon contre elle. Il y avait là quatre mères, et une demi-douzaine de gosses autour d’elles. Des fillettes en pleurs, des bambins qui serraient fortement la main de leur maman ou de leur petite soeur pour qu’elle cesse de pleurer Mais il n’y avait apparemment, aucune arme. Lynn se releva et dévisagea froidement les autres adultes. Un gamin, haut comme trois pommes, réussi à se libérer de l’emprise maternelle et à venir donner un faible coup de pied dans le tibia de la femme aux cheveux blancs. Celle-ci le regarda avec étonnement et posa sa main désarmée sur la tête blonde. Elle prononça un « J’ai rien vu » qui sembla ravir les mamans, repoussa doucement le garçonnet en arrière et referma le passage secret sur elle.

Assise sur sa moto, elle attendait les prochains ordres. Elle hésitait à faire part à quelqu’un de sa découverte mais elle jugea préférable de ne rien dire, après tout ce n’était que des marmots, et ça n’avait aucun rapport avec la mission.

Reno enfourcha sa moto et repartit en direction de la Shinra. D'autres personnes viendraient chercher les hommes et ils n'avaient pas besoin d'être cinq pour les attendre. Le voyage fut rapide. Reno jettait souvent des coups d'oeil à la blanche mais n'arrivait pas à déchifrer quoi que ce soit.

Dès qu'ils coupèrent les mmoteurs de leurs engins, le bruit assourdissant s'évanouit et ils se retrouvèrent seul dans le stationnement. Reno regarda la blanche intensément. Il ne savait comment lui demander. Il décida finalement de foncer dans le tas.

-Qu'est-ce que tu m'as fait hier? Mon orteil était cassé, je le sais.

Renbo la contemplait avec un regard pénétrant, ce genre de regard qu'on ne peut fuir et auquel on soude le nôtre.

Lynn le regarda alors avec consternation, une pointe d’agacement perçant dans le fond de ses iris grises.

« - Tu dois juste te faire des idées. Je ne suis pas médecin mais je peux au moins reconnaître un orteil cassé. T’aurais préféré qu’il le soit vraiment ? Je peux t’arranger ça tout de suite si tu veux. » répliqua-t-elle froidement en faisant claquer son pied juste à côté de celui de Reno.

La jeune femme plaça la cale de sa moto, retira la clé du contact et, sans faire plus attention au rouquin, remonta jusqu’à son bureau. Là, elle expira bruyamment en se demandant si il ne finirait pas par se rendre compte de quelque chose. Et puis, pourquoi diable l’avait-il de cette manière ? Il voulait sûrement une réponse plus précise que celle qu’elle lui avait servit mais il devrait s’en contenter, même s’il revenait à la charge là-dessus, ce dont la blanche n’en doutait pas un instant. Tenshi, qui s’était réveillée un peu après la mission, lui avait conseillé, d’une voix ensommeillée, de se montrer moins agressive avant de retourner dormir. Depuis quand était-elle agressive ? Bon d’accord, elle aurait pu dire ça d’une autre manière, en plaisantant par exemple, mais cela ne collait pas à sa personnalité de girouette.

Un feuille blanche devant elle, le stylo entre les dents, Lynn réfléchissait à comment remplir son rapport de mission. Elle souffla, posa le bic noir près de la copie, se leva et sortit de son bureau. Ses pas la conduirent jusqu’au bureau du roux où, après avoir frapper deux coups, elle passa la tête dans l’entrebâillement et jeta comme ça :

« - Je m’excuse pour tout à l’heure, j’aurais pas dû te parler comme ça. »

Et elle referma la porte pour regagner son bureau afin de reprendre son travaille là où elle l’avait laissé, c'est-à-dire au point zéro.

Reno ne tiqua pas quand le pied de la femme s'écrasa au sol près du sien et resta perplexe alors qu'elle repartait. Décidément, elle lui cachait quelque chose et c'était de plus en plus évident. Ses réactions étaient plus... vives.

Il retourna à son bureau en se remémorant la démarche de la femme le matin, puis à cet instant, qui était totalement normale. Étrange.

Il s'assit à son bureau, pensif, mais ne prit aucun dossier. Il resta ainsi un long moment jusqu'à ce que la voix de Lynn le sorte de ses songes. Elle était là. Et elle s'excusait? Reno resta interdit quelques secondes, ébahit. C'était de plus en plus étrange. Elle était froide et distante avec lui et semblait prise de remords et devenir presque amicale.

-Attends! Lui cria-t-il en se levant d'un bon et en courant jusqu'à la blanche. Je sais que je n'Ai pas toujours de tact quand je parle. Tu...

Cette fois, Reno ne voulait pas parraitre trop brusque, aussi décida-t-il de contourner un peu la question.

-Ton pied va mieux que ce matin? Demanda-t-il, la voix pleine de sous-entendus, un sourire aux lèvres, les yeux amicaux.

Il se dit que si sa réponse n'était pas trop agressive, il l'inviterait dans son bureau, question de ne pas se faire prendre par Tseng à rôder dans les couloirs. Et puis si elle voulait garder unn secret, ce n'était pas génial d'essayer de lui faire conffesser dans un corridor...

« - Mon... pied ? »

Les yeux agrandis par une surprise feinte, Lynn resta un instant indécise. Même avec la meilleure volonté du monde, elle n’avait pas pu s’empêcher de boiter de temps à autres ce matin, mais elle avait espéré que cela passe inaperçu. Et comme à chaque fois, ses espérances apparaissaient comme vaines. Trouver une solution pour faire paraître son boitillement comme normal...

« - J’avais juste un caillou dans ma chaussure, expliqua-t-elle en faisant un sourire gêné, faut pas t’en faire pour si peu. »

Le coup du caillou était un peu fort, mais pas autant que celui de la vache volante au village des Ossements... Son visage s’illumina joyeusement en se remémorant qu’une telle idiotie avait quand même réussi à détourner l’attention de son garde. Mais là c’était un peu différent, elle avait un Turk en face d’elle, et non pas un type un peu simple d’esprit qui ne pensait qu’à faire des explosions toute la journée. Ca changeait quelque chose ? Fallait voir si Reno était crédule sur ce point...

Reno eut un regard triste et offensé. Oui, il avait l'air stupide (même s'il ne l'est pas, attention!), mais en avait-il l'air à ce point?

-Écoute, ya pas de cailloux dans les couloirs de la Shinra...

Reno se retourna tristement et retourna vers la porte laissée entre-ouverte de son bureau. Il mit la main sur le poi8gnée et tourna son regard vers Lynn.

-Je ne suis pas stupide à ce point. Si ne veux pas me donner de réponse, dit le moi simplement, pas la peine d'inventer quelque chose du genre... mais je te prévient, je suis tenace. Si tu accepte de me parler un peu, viens, proposa-t-il en lui faisant signe d'entrer dans son bureau. Sinon, ça sera une prochainbe fois...

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