Retour à Midgar

Reno mangeait tranquillement, comme si rien n'était. En fait, il avait été blessé par l'atitude de Lynn. Mais comme à son habitude, il souriait et riait d'Elena en passant des commentaires à Rude. Il n'avait l'aire de rien et évitait de s'adresser à Lynn. Personnme ne vit au travers de son jeu. Se vider le coeur en parlant au chat, aussi étrange que cela puisse paraître, lui avait fait du bien et l'avait libéré d'un poids. Il n'avait rien à se reprocher, avait caché la boîte sans la consulter, bien que l'envie était toujours présente d'en savoir plus, et l'avait gardée secrète. En parlant à voix haute, il ebn était venu à ses conclusions et de savoir que Lynn avait été victime d'expérences lui importait peu... elle resterait toujours la même, non?

Reno se leva et se débarassa de son cabaret avant de prendre les escaliers. Trop long d'attendre les ascensseurs le midi, et en plus, ça lui faisait digérer son repas. Il entendit des pas derrière lui et se dépêcha. Il ne voulait surtout pas être rattrapé par Elena!

Il arriva finalement à son bureau et ferma la porte en soupirant! Il lui était déjà arrivé de se faire coincé comme ça et il ne voulait vraim,ent pas réitérer l'expérience. Et elle n'irait pas jusqu'à cogner à son bureau après tout... Ou si? S'alarma-t-il en entendant des coups frappés à sa porte. Non, du calme... à cette heure, c'était probablement Tseng... Ou Rude!

Lynn poussa distraitement les petits pois qui attendaient sagement d’être mangés. Elle regardait parfois le roux du coin de l’œil, elle le regardait faire comme si de rien n’était. Quand il fut partit, elle se leva à son tour et nettoyer également sa partie de table. Puis, elle prit les escaliers comme tous les jours, pour rejoindre l’étage du dessus, celui des bureaux. Des pas plus haut lui firent lever la tête. Elle aperçu une chevelure rouge familière ce qui la décida à accélérer sa marche. Si elle le rattrapait, peut-être qu’elle trouverait le courage de s’excuser. La blanche se stoppa brutalement en voyant que Reno aussi s’était mit à monter plus vite…

Il la fuyait donc ? Mais pour quelle raison ? La raison la plus probable était qu’il devait en avoir marre d’elle. La Shisha s’humidifia nerveusement les lèvres. Ce n’était quand même pas une raison suffisante pour qu’il s’enfuît comme ça à son approche. Elle s’arrêta devant le bureau du roux et frappa spontanément. Quand il se décida à lui ouvrir, elle lui adressa un petit sourire ironique qui ne parvenait pas à cacher la colère qui s’était immiscée dans ses traits.

« - Si tu as un problème, dit-le en face plutôt que de te mettre à courir dans les escaliers pour m’éviter. » déclara-t-elle d’un ton acide.

Aussitôt, elle se retourna sans lui laisser le temps de répondre et rejoignit son propre bureau. Là, elle entra et s’adossa à la porte close, un point dans la poitrine lui criant qu’elle s’était encore conduite de manière imbécile. Elle serra les dents et fut soudainement prise d’un doute. Il la fuyait sûrement pour autre chose que pour l’histoire de la veille. Elle s’appuya sur son bureau, prête à défaillir. Elle se laissa ensuite tomber sur sa chaise, le regard perdu dans la contemplation du mur d’en face. Non, ce n’était pas possible… Et pourtant, cela coïncidait, et pas qu’un peu. Deux jours plus tôt, Reno avait passé sa journée à trier de la paperasse dans la bibliothèque. Alors ce serait lui qui… Lynn s’empara d’un stylo et préféra reprendre son travail là où elle l’avait laissé.

La jeune femme rentra chez elle à une heure tardive, faisant d’elle-même des heures supplémentaires pour rattraper sa journée perdue. Elle nourrit Kuro, qui avait enfin comprit comment on se servait d’une litière, et alla dans sa chambre. Elle posa le carton sur son lit, s’installa près de lui, ôta le couvercle et fouilla dans le contenu. Délicatement, elle sortit le rapport tenu assidument par le couple de scientifiques pendant les neuf ans qu’elles avaient passé chez eux, et choisit de le lire.

Lynn jeta le livre manuscrit au loin, ne pouvant plus retenir les larmes qui coulaient désormais sur ses joues avec abondance. Elle rapprocha ses jambes de son corps et appuya ses bras dessus. Elle y enfouit après sa tête et attendit que les pleurs s’arrêtent d’eux-mêmes. Mais on frappa à la porte. Aussi se leva-t-elle, séchant l’eau qui s’échappait du coin de ses yeux, remit le rapport dans la boîte avec le couvercle par-dessus, et trottina jusqu’à l’entrée pour aller ouvrir.

Reno resta aussi surprit de la présence de la blanche que de sa remarque. Était-ce vraiment arrivé? Se demanda-t-il après quelques secondes d'immobilité à fixer le vide. Décidément, ça recommençait comme au début... Il eut envi d'aller la voir tout de suite, sentant la colère monter en lui, pour une des rares fois où ça pouvait lui arriver. Mais il referma la porte et se calma. Cinq m inutes plus tard, il était profondément concentré à faire tenir son crayon sur son nez.

Quand il rentra chez lui, bien qu'il s'était promit qu'il n'irait pas, l'appel de la porte de la blanche fut plus fort et il frappa. Quand elle ouvrit cependant, elle avait les yeux rougis et semblait triste... Même Kuro semblait s'en inquiéter en se frottant à ses mollets, jetant un étrange regard à Reno. Le rouquin la poussa gentiment à l'intérieur et referma la porte du pied avant de la prendre dans ses bras pour la réconforter.

-En effet, j'ai un gros problème... avec Elena. Elle m'a déjà poursuivit quelques fois dans les escaliers et je me méfie des suiveurs maintenant, dit-il après un moment sans lâcher Lynn.

Lynn se recula vivement, ne pouvant accepter de rester une seconde de plus dans les bras du jeune homme. Il avait dit la vérité à propos des escaliers - cela s’entendait au ton de sa voix - alors pourquoi sentait-elle qu’il valait mieux le repousser ? Elle se détourna, jetant un bref regard à la porte entrouverte de sa chambre, et alla ouvrir l’une des fenêtres du salon. Ses mains s’emparèrent d’un paquet de cigarette qui traînait sur la table basse, elle en prit une, l’alluma à l’aide du briquet, et la porta à ses lèvres. Ses yeux se suspendirent aux étoiles, et elle souffla un écran de fumée grisâtre qui s’estompa dans l’air humide et frais du dehors. Il fallait qu’elle se calme.

Le mégot à demi-consumé s’écrasa sur le sol, soixante étages plus bas. La blanche poussa un soupir mais resta accoudée au cadre donnant sur l’extérieur. Elle baissa la tête et inspira profondément l’air vif qui lui chatouillait les narines. Kuro s’approcha d’elle mais resta à une distance respectable. Il pencha la tête sur le côté et s’apprêta à miauler pour attirer l’attention de sa maîtresse quand celle-ci fit volte-face, la mine sombre.

« - Tu ferais mieux de partir. »

Le ton froid des premiers jours était réapparu, voulant bien faire comprendre au rouquin qu’il n’était pas le bienvenu aujourd’hui. Lynn passa près de lui, lui rappela qu’il connaissait sans doute le chemin de la sortie, et retourna dans sa chambre sans rien ajouter d’autre. Là, elle se laissa retomber près du carton, le fixant d’un regard absent. Reno n’y était pour rien dans cette histoire mais c’était pour son bien si elle se montrait à nouveau distante. De toute manière, dès qu’elle aurait réussi à détruire ce passé, elle partirait et tout pourrait rentrer dans l’ordre pour lui.

Reno jeta un regard envieux aux cigarettes mais se mordit la langue. Il avait arrêté, point. Et il voyait bien à l'atitude de Lynn qu'il n'était pas désirable. Il aurait dû suivre sa première idée et rentrer chez lui directement. Il regarda Kuro, qui semblait ne rien comprendre de la situation et la porte de la chambre où elle venait de disparraître. Il ne comprenait toujours pas pourquoi elle était aussi changeante, pourquoi elle avait disparut et était revenue la même qu'à ses premiers jours avec eux, pourquoi elle l'aimait et le fuyait l'instant d'après. L'envie de consulter le carton le tenailla une fois de plus mais il rentra docilement chez lui, ne tentant rien de plus. Il était un mec, pas un décodeur de fille... quoique Lynn ne pouvait pas vraiment rentrer dans le même cadre... Était-ce de sa faute? Encore une fois, il se laissa tomber sur le divan. Rien à foutre...

Il se leva finalement au bout d'une demi-heure à regarder le plafond, le plus souvent dans la lune, et rejoignit la porte de l'appart de Rude. Il s'ennuyait tout seul...

-...

-Salut! Ça te dis un resto? Fit joyeusement Reno.

-...

L’aurore posa ses premiers rayons timidement dorés sur la cascade neigeuse de la jeune femme. Celle-ci s’éveilla alors, les yeux collés par le sommeil. Elle regarda la page où elle s’était arrêtée, la date indiquait seulement quelques jours avant son neuvième anniversaire. Elle la mémorisa et referma le journal, le glissant à nouveau dans la boîte en compagnie des autres éléments du projet. Elle s’empara ensuite d’une poignée de feuilles, rattachées entre elles par un unique trombone. Trois polaroïds s’en échappèrent. Le premier montrait deux petites filles, âgées de six ans tout au plus. La plus petite portait les cheveux mi-longs et châtains, son visage poupon rayonnant d’un sourire chaleureux. La plus grande avait un air plus renfermé, plus dur. Sa chevelure de feu était retenue en une queue de cheval haute, ne laissant que quelques mèches éparses pour encadrer son visage. Lynn caressa du bout des doigts le portrait de ses sœurs de corps. Elles n’avaient presque pas changées avec le temps…

La deuxième photographie était presque sans importance, juste un aperçu extérieur de leur maison. Mais la vue de la dernière image la fit frissonner. Quiconque, la connaissant, regardait cette photo pouvait affirmer sans se tromper qu’il s’agissait bien d’elle. La blanche remit les clichés à leur place, referma le carton, se leva de son lit et alla s’occuper de Kuro. Celui-ci ne la lâcha pas d’une semelle durant tout le temps qu’elle passa dans l’appartement à se préparer. Il la suivait partout, attendant devant la salle de bains qu’elle eu finit de se laver, s’installant sur ses genoux quand elle prit son petit-déjeuner, réclama ses caresses quotidiennes. Son attitude réussit même à faire sourire Lynn, qui trouva que l’animal reprenait un peu du poil de la bête, ses côtes étant déjà moins marquées.

Ce fut une matinée comme les autres, longue et monotone. Mais lorsqu’Elena se pointa à l’heure du midi pour la décrocher de son travail, Lynn la rabroua assez longtemps pour que la blonde cesse de persévérer. De un, elle n’avait pas faim. De deux, elle n’avait pas envie de le voir… Une vague de solitude s’empara alors d’elle, un court instant seulement car Tenshi lui rappela avec douceur qu’elle n’était jamais seule. La Shisha prit alors une feuille et se mit à écrire ce qui lui passait par la tête. Elle resta ensuite immobile devant le gribouillage total et incompréhensif qui remplissait désormais l’espace qui était encore vide quelques minutes plus tôt. Des mots revenaient plusieurs fois, le prénom de ses sœurs par exemple, ou encore le nom des villes qu’elle avait déjà visité, des termes techniques de la mécaniques. Et puis au centre de tout ça, un seul se détachait du lot. Mensonge. Ce mot accusateur lui donna un violent coup au moral. Elle roula brusquement en boule le papier et le fit rejoindre la poubelle. On frappa à sa porte. Tseng aurait prit un peu de temps sur sa pause repas pour lui redonner un peu de travail ? Ou bien était-ce encore Elena qui revenait à la charge pour la forcer à aller à la cafétéria ? Quoiqu’il en soit, Lynn dû se lever pour aller ensuite ouvrir la porte.

-Elena à dit à Tseng que tu voulait rien savoir de manger, du coup, il m'envoie, marmona Reno en lui présentant un cabaret plein, regardant ses souliers.

Et il s'était bien creusé la tête pour éviter la rencontre! Mais bon... Rude ne parlait pas et c'était pas très gentil de l'envoyer en messager, Elena... devait déjà l'avoir assez importuner, et Tseng ne lèverait pas ses fesses de son siège pour ça... Le rouquin avait cherché une alternative mais ça aurait fait un epu louche... Il était donc partit avec le repa, décidé à ne pas en mettre plus qu'il ne le devait.

Il lui tendit le cabaret en levant les yeux vers son visage qui semblait troublé, blanc. Il tenta un petit sourire tremblottant, pas trop joyeux ou faux, pour l'encourager à accepter la nourriture, attendant sa réponse.

Lynn prit doucement le plateau, le posa sur son bureau, attrapa le rouquin par la manche et le fit rentrer. Elle repoussa la porte et garda la main du jeune homme dans la sienne. Elle baissa piteusement la tête, essayant de chasser l’air triste qui luisait dans son regard. Quand elle y réussit enfin, elle se permit de relever les yeux et d’esquisser un frêle sourire.

« - Je suis désolée… Pour hier et avant-hier. Elle marqua un temps d’arrêt, resserrant ses doigts autour de ceux de Reno. Je ne voulais pas te faire souffrir… »

Voilà pourquoi elle n’avait pas eu envie de le voir, parce qu’elle se serait encore bêtement excusée, oubliant que ce ne serait certainement pas la dernière fois qu’elle lui ferait du mal. Elle lui avait fait du mal ? Réellement ? Pourtant il ne le montrait pas trop. Il se conduisait toujours de la même manière avec les autres alors que elle… Son sourire disparut. Dès que quelque chose n’allait pas, cela se répercutait sur son humeur et… Lynn mit un terme à ces pensées en reprenant le plateau puis en poussant gentiment le roux dehors. La cafétéria serait un meilleur endroit pour manger.

Le regard d’Elena passa de l’un à l’autre, un peu jaloux de voir que le rouquin avait réussi là où elle avait lamentablement échoué. Mais elle oublia bien vite de lui demander sa recette miracle pour que faire changer Lynn d’avis, reprenant sa conversation - ou plutôt son monologue - à l’endroit où elle l’avait laissée. La blanche s’installa à gauche de Reno, regardant enfin le repas qu’il lui avait préparé. Que de la verdure mais toute aussi appétissante qu’elle soit, la jeune femme ne parvint pas à en prendre plus de quatre bouchées. Elle n’attendit pas de savoir la fin de l’histoire ‘passionnante’ que leur racontait la blonde, débarrassa et retourna rapidement à son bureau.

Au moins, il ne s'était pas fait jeter... Quoiqu'il ne ressentait pas le soulagement ou la joie qu'il aurait dù. Son sourire était toujours là, sur son visage, mais derrière, il se méfiait, étant plus ou moins content. Ça lui parraissait un peu facile de s'excuser ainsi... Non pas qu'elle n'était pas sincère, enfin, elle avait l'air de dire vrai... Mais ça devenait... trop. Elle le faisait souvent; le laissait dans le désarois le plus complet une ou deux journée, s'excusait, et ça passait. Il avait beau être gentil et de bonne humeur, tout le monde a une limite...

Mais il ne dit rien, mangea et remonta se faire des avions en papier dans son bureau. Quand la journée se termina, il alla directement cogner à la porte de l'appart de Lynn. Elena passa derrière lui au même moment, lui jetant un regard soupçonneux.

-Que fais-tu? Demanda-t-elle un peu brusquement pour être de la simple curiosité.

-Ça te regarde? Répliqua Reno en arquant un sourcil dans le but de la faire rager.

Le blonde vira au rouge et rentra dans son appart. Juste avant qu'elle ne ferme la porte, Reno lui cria que c'était pour le boulot... pour les cours de vol. Rien ne servait d'éveiller les suspitions de la Turks... Il n'est résulterait que des ennuis. Elle disparut derrière sa porte et Reno cogna à celle de la blanche.

Lynn s’arrêta à l’orée du couloir, regardant de loin le rouquin qui semblait attendre devant sa porte. Elle pressa un peu plus fermement le petit sac qui renfermait quelques objets divers achetés à l’épicerie du coin et recula dans le renfoncement qui débouchait sur les escaliers. Pourquoi était-il encore venu ? Elle ferma les yeux et se força à respirer normalement. Il n’avait pas eu l’air convaincu ce midi. A vrai dire, il ne lui avait pas parlé depuis. Elle fit glisser discrètement ses yeux vers la silhouette éloignée de l’homme, toute sa certitude s’envolant d’un seul coup. Ne pas le faire souffrir… Encore des paroles en l’air, pour pas changer. La blanche resta encore quelques minutes indécises avant d’entendre la voix du roux, qui s’adressait sûrement à une personne curieuse qui lui aurait demandé ce qu’il attendait.

Ses pieds se stoppèrent à un bon mètre de ceux de l’homme, le regard grisâtre croisant celui bleuté. La jeune femme ne dit rien, continuant à fixer d’un air neutre les prunelles océan du rouquin. Une boule, mélange de tristesse et de colère, perça dans sa gorge, lui donnant l’envie soudaine de tout claquer et de partir loin, très loin, et de ne jamais revenir. Elle n’aurait jamais dû revenir en fait… Tenshi avait eu raison, comme toujours. Mais elle n’en avait fait qu’à sa tête, et cela lui retombait dessus. Tout ce qu’elle entreprenait sans tenir compte de l’avis des deux autres, tout ça tombait à l’eau un jour ou l’autre. Lynn sortit ses clés en gardant son mutisme ordinaire, déverrouilla la serrure et entra, laissant la porte ouverte. Il avait le choix, soit il la suivait, soit il refermait et partait. Elle n’avait que faire de sa décision, elle se fichait de tout désormais…

Le chat accepta avec un plaisir non dissimulé les morceaux de poulet que sa maîtresse venait de lui offrir. Il se pourlécha les babines et s’attaqua à son assiette. Mais bien vite, il releva la tête vers la blanche et la dévisagea avec inquiétude. Elle avait jeté sa veste sur la table de cuisine, s’était assise et ne bougeait plus, totalement perdue dans ses pensées. L’animal hésita mais resta planté devant sa gamelle, trouvant qu’il était préférable de la laisser réfléchir un instant.

Reno arqua un sourcil. Elle recommençait à le bouder ou c'était en apparence juste parce qu'ils étaient dans le corridor? Reno entra et ferma la porte derrière lui en fronçant un peu les sourcils, méfiant. Il se rendit à la cuisine et resta debout dans l'embrasure de la porte à regarder Lynn. Il ne comprenait pas. Il alla s'asseoir face à elle et prit ses mains dans les siennes, un regard doux cherchant à croiser celui de la blanche. Décidément, il était incapable de respecter ses décisions...

-Fais pas cette tête, tenta-t-il. Écoute, je me fiche complètement de l'endroit où tu as pu aller et du fait que tu ne m'avoue pas que tu gérit mes blessures, je m'en fiche... Tout ce que je veux, c'est que tu sois bien et quand tu me tire une tête comme ça et que tu me boude, je...

Reno cherchait ses mots. Il ne voulait pas la heurter davantage, son ton était doux et sa poigne sur ses mains était ferme et pleine de réconfort. Ne lui avait-elle pas 'presque' dit qu'elle l'aimait? Lui aussi, il ne saurait l'expliquer, pourquoi ou comment, mais il s'accrochait désespérément et voulait vraiment qu'ils... qu'ils quoi? Redeviennent comme avant? Comme deux ou trois jours plus tôt alors qu'ils avait dormit enssembles ou qu'ils s'étaient chamaillés sur le divant? Oui, c'est cette relation qu'il voulait, ce visage qu'il voulait redonner à Lynn, pour la voir sourire.

Si Rude savait... pensa avlors le rouquin. Lui qui collectionnait les filles, une après l'autre, à chaque jour... si le chauve le voyait, il ne le croirait pas! Lui? Reno? Faire attention à une fille et s'accrocher de la sorte? C'était risible... et pourtant...

-...je suis triste si tu n'est pas heureuse, dit Reno, se trouvant affreusement stupide de dire des choses aussi cliché. Je ne veux pas te perdre, conclu-t-il en se trouvant encore plus idiot malgré la sincérité se ses paroles.

Lynn voulut retirer sa main de celle du rouquin mais elle ne le fit pas, n’en esquissant même pas le geste. Elle releva les yeux vers lui, et afficha une expression neutre. Il ne devait pas voir que ses paroles l’avaient… L’avaient quoi ? C’était quoi cette sensation qu’elle ressentait ? Elle était touchée, choquée, apeurée. Elle non plus elle ne voulait pas le perdre, mais la vie n’était pas aussi simple que ça. Non, vraiment pas si simple… Doucement, la blanche rapprocha son autre main de celles déjà entrelacées, caressant du bout des doigts le dos de celle de Reno. C’était finit de jouer sa petite malheureuse, à quoi cela lui servait-il de tourner autour du pot comme ça ? A rien décidément, alors autant faire le grand pas maintenant.

« - Il faut qu’on arrête tout. J’en ai assez de te faire du mal comme ça, je ne veux plus que tu t’inquiète pour moi… Tu es trop gentil tu sais, et moi je ne te mérite pas… Il vaut mieux que ça se termine aujourd’hui. »

Elle se força à sourire, consciente qu’elle venait peut-être de briser leur relation. C’était donc ça l’amour ? Ca tient juste à quelques mots, à quelques gestes… C’est idiot l’amour. La jeune femme sépara leurs mains. Elle refoula les larmes qui brillaient dans ses yeux, baissant un peu la tête afin de les cacher derrière des mèches de cheveux. Elle sentit sa boule dans la gorge grossir encore plus. Surtout, ne pas craquer. Ne pas demander à nouveau pardon. Mais voulait-elle vraiment que tout s’arrête ? Son esprit était confus, en total désaccord avec ses sentiments. Une douleur aigue lui traversa la poitrine. Son cœur qui piquait une crise, comme si cela pouvait arranger les choses. Ce qu’elle ressentait pour lui ? La peur de le voir s’éloigner, peur qu’il lui arrive quelque chose de grave, peur qu’il l’abandonne. Mais aussi l’envie de rester auprès de lui tout le temps, envie d’être dans ses bras, envie d’être capable de lui rendre son amour…

Incapable. Il n’y avait pas d’autre mot. Non, elle ne devait pas faire attention aux remords. Reno allait s’en remettre, et sûrement très rapidement. De elle, on s’en fichait. Tout ce qui arrivait était de sa faute de toute manière. Le sourire contraint de Lynn s’effaça. A quoi tout cela rimait ? Elle en avait plus qu’assez de cette vie, d’être une Turks, d’être un sujet d’expérience. Naître normalement, avoir des parents normaux, une belle petite enfance normale et un reste de vie normal. Les trois premiers étaient déjà impossibles, et elle avait gâché d’elle-même la dernière étape. Et soudain, elle repensa à une chose.

« - Tu te souviens… de ta promesse ? »

Reno resta surprit mais il s'y attendait, un jour ou l'autre, elle s'éloignerait de lui. Il ressera ses mains autour de celle de Lynn, décidé à ne pas la laisser s'en tirer aussi facilement.

-Ma promesse dont j'ignore ce que j'ai promis? Fit Reno avec une sourire sombre en coin. Écoute, on ne peux pas terminer là, comme ça. Je...

Reno se mordit la lèvre. Ces mots allaient-il réellement franchir ses lèvre? Sa main laissa celle de Lynn et rejoignit sa joue pour la caresser doucement, descendant jusqu'à ses lèvres où il fit courir ses doigts avec un sourire lunatique.

-Je t'aime et peu importe que tu m'écorche un peu, si tu me laisse, tu va me briser complètement, avoua-t-il en rougissant un peu, se trouvant au top du possible des phrases stupides. On va trouver une solution aux problèmes, mais ensembles.

Lynn ôta la main de Reno de sa bouche, détournant le regard avec embarras. Il venait de la troubler encore plus, rien qu’en prononçant ces quelques mots. Ca voulait dire quoi ensemble ? Qu’il allait s’accrocher, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle cède ? Et puis, quelle solution pouvaient-ils bien trouver ? Elle secoua piteusement la tête et reporta ses yeux sur le rouquin. Quand un os se casse net, il met du temps pour récupérer mais il a toujours une chance de s’en sortir, alors que celui qui s’use et se dégrade de jour en jour ne pourra jamais retrouver sa forme initiale. Etait-ce pareil avec un cœur ? La blanche se prit la tête dans les mains, en proie à de violents remords. Mais merde ! Qu’est ce qui était passé dans sa caboche se jour-là ? Elle n’aurait jamais dû accepter de les suivre. Elle le savait pourtant que la vengeance n’amenait rien de bon ! Alors pourquoi ? Ce n’était pas le moment de demander pourquoi.

La jeune femme se leva soudainement et partit à grand pas à travers le salon. Elle revint une petite minute plus tard et déposa sur la table un petit journal ainsi qu’un briquet. Sur l’entête du livre s’étalait deux mots inscrits là par une petite écriture stricte et nerveuse : Projet Tears. La blanche se rassit, scrutant aveuglément les lettres. Elle restait sourde aux injures que la rousse proférait à son égard, l’insultant en outre d’imbécile qui allait juste réussir à les renvoyer en cellule. La Shisha prit doucement la main du rouquin et l’amena jusqu’au niveau du bouquin. Elle pencha un peu la tête sur le côté en souriant faiblement, le teint plus pâle que jamais.

« - Je ne peux pas continuer sans tirer de trait définitif… Mais je n’ai pas la force de le faire, pas toute seule… Tu veux bien… m’aider ? »

Elle lui glissa le briquet entre les doigts sans pour autant lui lâcher la main. De la gauche, elle attrapa le manuscrit et le présenta au jeune homme.

« - Si tu en as envie, lis-le. Ca n’a plus d’importance désormais. »

Reno perdit subitement toutes ses couleurs en lisant le titre et déglutit difficilement. Sa main se ressera sur le briquet (une cigarette à ce moment aurait été tellement bonne!) et il leva les yeux vers Lynn. Que devait-il faire? Le lire? Comme ça devant elle et répondre à toutes les intérogations qu'il avait à son propos? Ou bien faire ce qu'elle lui demandait et ne jamais savoir, ne jamais oser poser de question sur son passé de peur de la blesser? C'était un choix si difficile. Elle lui donnait le droit de le lire mais Reno se dit qu'il n'en résulterait que des problèmes. Il reconnu seulement à ce moment le bouquin qui traînait au fond de la boîte qu'il avait rangé deux jours plus tôt. Il ne put retenir une exclamation.

-Tu as trouvé la boîte? Fit-il, incrédule. Je l'avais bien cachée pourtant...

Il se rendit alors compte de son erreur et ouvrit de grands yeux. Il ne l'avait pas lu, il ne savait rien... Mais Lynn le croirait-elle? Les yeux du rouquin se remplirent de tristesse. Pour Lynn et ce qu'elle devait endurer, et pour eux, car si elle ne le croyait pas, c'était bel et bien finit.

-Je te jure que je ne l'ai pas lu. J'ai seulement vu ta photo et j'ai tout caché dans un endroit perdu, je te le promet, j'en ai eu vraiment envis mais je n'ai rien vu ou lu de plus. Je me suis dis que si tu voulais tout me dire, tu le ferais, crois-moi... Si tu veux tout détruire, je t'aiderai...

Lynn ne parut même pas étonnée, ni inquiète. Elle continua de sourire, caressant inconsciemment la main du rouquin. Il semblait tellement sincère. Eden s’énerva à nouveau, lui lançant des piques que la blanche ne releva pas. Elle ne voulait pas se disputer, ni avec elle, ni avec personne d’autre. Elle désirait juste tourner la page, une bonne fois pour toute. Ou tout du moins, essayer d’en effacer une partie.

« - Je te crois. » répondit-elle simplement d’une voix douce.

Une larme roula alors le long de sa joue. Ce n’était pas le moment… Elle se retint encore de pleurer, attendant que Reno allume le briquet de lui-même. Elle plongea ensuite son passé dans les flammes, regardant le papier se corner et noircir rapidement. La jeune femme se mit debout et s’approcha de l’évier afin d’éviter de déclencher accidentellement un incendie. Elle tint le livre jusqu’à ce que le feu s’aventure trop près de ses doigts. L’eau du robinet vint apaiser la chaleur dévorante. Lynn resta immobile devant le tas de cendres dégoulinant, se disant qu’elle n’avait même pas eu le temps de finir de le lire. Ce n’était pas grave. De toute manière, elle savait mieux que quiconque ce qui s’était passé à la fin de l’histoire.

Elle se retourna vers le rouquin, hochant la tête pour le remercier. Ça ne suffisait pas cependant. Elle s’avança jusqu’à lui, se pencha et embrassa son front.

« - Je te parlerais de tout quand tu voudras mais pas ce soir. Je crois que c’est déjà bien assez comme ça. »

La jeune femme sembla hésiter. Puis, elle s’assit sur les genoux du roux, veillant à ne pas trop s’appuyer même si elle n’était pas très lourde, passa ses bras autour de son cou, posa sa tête sur son épaule, et cessa de contenir toutes les émotions qu’elle ressentait. Celles-ci se matérialisèrent sous forme de nouvelles larmes qui s’écoulèrent lentement. Tant pis si elle le serrait trop fort, elle avait besoin de tout laisser sortir d’un coup, maintenant.

Reno fut soulagé de sa réaction et lui rendit son étreinte. Elle semblait complètement changée. Soulagée d'un poid ou quelque chose du genre. Le rouquin ne pouvait comprendre, il ne savait rien sur rien et ne pouvait même pas imaginer quelque chose de si gros pour changer Lynn à ce point. Tout ce qu'il 'savait' était qu'elle guérissait les blessures, ce qui était plutôt bien de son avis. Mais ça devait être tellement plus. Reno cessa de penser. Ça ne servait à rien maintenant. Il prit Lynn dans ses bras et se rendit au salon pour reprendre la même position sur le divan. C'était de loin plus confortable.

-Tu veux que je reste avec toi? Chuchota Reno pour faire plus poli que de rester et ne plus décoller de la nuit.

Lynn se laissa glisser sur la banquette aux côtés du rouquin. Elle resta tout de même dans ses bras, séchant distraitement ses larmes qu’elle avait cessé de laisser aller. Elle sourit légèrement, et enfouit son visage dans le creux du cou du jeune homme. La blanche ne pensait plus, avait envoyé ses sœurs se coucher, et ne désirait plus qu’une seule chose : rester dans les bras de Reno, pour l’éternité, si cela était possible bien sûr.

Elle releva timidement les yeux lorsque le roux s’adressa à elle. S’il pouvait rester ici ? Ça allait donner quelques complications le lendemain matin mais pour le moment il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Mais dans un autre temps, elle n’avait pas envie de le contraindre à ne pas partir.

« - Fais comme tu veux. » lui murmura-t-elle avant de cacher à nouveau son visage dans son cou.

Reno sourit. Elle semblait adorer cette réponse quand il lui demandait son avis... Mais il avait aprit à la déchifrer... enfin, un peu... et ressera sa prise. Il embrassa ses cheveux et y enfuis son nez.

-D'accord, je reste... Demain matin tu as ta deuxième leçon de vol, lui dit Reno. C'est vraiment hors context, ajouta-t-il en s'en rendant compte. Tu veux manger?

D'accord, là, il revenait à son niveau normal de langage. Et puis il n'aimait pas les blancs, les grands silences à ne rien faire. Alors il les comblait! Même si ça ressemblait fort à 'Maman!! J'ai faim, Maman!! Demain tu sais ce que je vais faire maman? Oui! Je vais voler!'. Il s'en fichait un peu... après tout, il devait garder sa réputation d'enfant insuportable.

Lynn acquiesça en souriant. C’est vrai qu’ils n’avaient pas encore dîné avec tout ça. Dire qu’elle avait automatiquement pensé à nourrir son chat, délaissant complètement l’estomac de son invité… Elle se sentit un peu honteuse, se dépêcha de se lever, lui ordonna d’attendre là, qu’elle n’en aurait pas pour longtemps. Ordonner était peut-être un grand mot, disons simplement qu’elle ne lui laissait pas le choix. Elle disparut dans la cuisine, cherchant mentalement ce qu’elle pourrait bien préparer.

Le frigo ne l’aida franchement pas dans ses décisions. La jeune femme eut beau le regarder de haut en bas, elle ne voyait que de la verdure. Ca n’allait pas trop plaire à Reno mais il n’y avait pas trop de choix possible. Si elle avait su, elle n’aurait pas décortiqué la cuisse de poulet pour Kuro. Ce dernier se pressa contre ses jambes en ronronnant, s’étira de tout son long et sauta ensuite sur le rebord de l’évier pour aller sentir les cendres qui traînaient dedans. Lynn les envoya aussitôt à la poubelle. Elle se mit ensuite à arranger une petite salade composée. A la dernière minute, elle se rappela avoir acheté des lardons pour sa boule de poil. C’était mieux que rien. Elle dressa rapidement la table, servit, ajoutant la viande dans l’assiette de Reno et repassa dans le salon. Là, elle prit la main du roux, l’invitant à se lever et à prendre place.

« - J’espère que ça te plaira, c’est pas grand-chose mais bon… »

Elle s’assit en face de lui, se demandait si cela allait vraiment lui convenir. Kuro tenta de grimper sur ses jambes, elle le reposa doucement à terre, lui chuchotant qu’il n’avait pas le droit pendant le repas. L’animal grogna et partit dans le salon en boudant.

-C'est parfait, assura Reno en souriant.

Il n'était pas végétarien mais il mangeait bien de la salade parfois! Il mangea avec appétit, parlant de tout et de rien pour changer les idées de la blanche. Quand il eut terminé, il resta un moment assit (à parler, toujours!) avant de se lever pour porter le tout au lavabo.

-On lave tout ça et après, on va au dodo, déclara Reno. Il est tard, trop d'émotions pour aujourd'hui, et tu dois être en forme pour demain! Dit-il en ouvrant le robinet d'eau chaude.

Lynn le rejoignit, attrapa un torchon qui pendait dans un coin, et essuya rêveusement ce que le roux mettait dans l’égouttoir. Elle l’avait écouté tout le long du repas, sans rien dire. Elle aimait bien quand il parlait comme ça, au moins elle n’avait pas à trop lui répondre. Et puis, tout ce qu’il disait lui semblait intéressant, c’était loin des discours rébarbatifs et ennuyeux d’Elena… La blanche rangea chaque objet à sa place et se souvint brusquement d’une chose. Le carton était encore ouvert, et bien en vue sur son lit…

Elle avait silencieusement rejoint sa chambre où elle s’empressa de refermer la boîte qui contenait encore une partie de son histoire, regardant autour d’elle avec une pointe d’affolement. N’y avait-il donc aucun endroit où la cacher ? D’accord, Reno y avait déjà jeté un œil mais ce n’était pas une raison pour tout laisser traîner. Elle ouvrit une armoire, y cala bien dans le fond le carton avant de le replonger dans le noir complet en fermant la porte. La blanche reprit son sourire doux et retourna en direction de la cuisine.

Kuro s’était allongé dans l’encadrement qui séparait le salon et la cuisine, fixant farouchement le rouquin. Sa queue battait nerveusement, signe de son irritation. Il supportait encore difficilement la relation qui liait sa maîtresse à cet énergumène bruyant et exaspérant, mais il allait devoir se plier à la volonté de la femme. Après tout, c’était elle qui remplissait la gamelle alors mieux valait laisser l’autre bipède tranquille. Quoique, son mollet n’avait pas eu si mauvais goût que ça la dernière fois… Le chat tourna la tête vers la paire de jambes bottée qui arrivait à sa hauteur. Il se mit sur ses quatre pattes, faisant les yeux doux. Cela eu l’effet attendu, la jeune femme le prit dans ses bras en le caressant. Finalement, il avait peut-être droit à quelques préférences lui aussi. Le félin frotta ses moustaches contre la joue qui s’offrait à lui, tentant par là de provoquer le rouquin.

Ça allait encore mal finir… Lynn poussa un petit soupir en déposant à nouveau le chat sur le sol. Pas de dispute ce soir. Le matou comprit probablement le message car il alla se coucher sur le canapé, et non sur le lit comme il en avait prit la sale habitude. La jeune femme reposa ses yeux sur Reno, lui souriant toujours avec douceur.

Reno la prit dans ses bras en arrivant près d'elle et l'embrassa doucement en caressant sensuellement son dos, prenant garde à ne pas descendre trop bas. Il lui semblait que le temps s'était arrêté, qu'il avait quitté son bureau il y avait des années et le lendemain lui parraissait tout aussi loin. Là, il était bien, en excelente compagnie et allait s'endormir avec un corps chaud tout contre le sien.

-Allez, au lit! Fit-il gentiment en entraînant sa compagne.

Arrivé dans sa chambre, il se sentit soudain gêné et un peu ridicule. Allait-il dormir tout habillé? Retirer sa chemise? Dormir seulement en caleçons? Il jeta un discret regard à Lynn sans oser lui demander comment elle, comptait dormir. Décidément, il dormirait habillé... Elle n'aurait surement pas été à l'aise. Il saisit donc les couvertures et les ouvrit en grand, n'osant s'y coucher en premier.

-Tu dors de quel côté? Demanda-t-il pour cacher son embarras.

Lynn lui lança un regard interrogateur. C’était si important que ça de savoir de quel côté elle dormait ? Elle haussa les épaules et fouilla dans une armoire. Un tee-shirt blanc très large atterrit sur le lit.

« - Ça sera peut-être un peu trop grand pour toi mais j’ai que ça. »

Elle posa son regard sur le tissu, se demandant si son maître lui en aurait voulu de passer comme ça les rares affaires qu’elle avait gardé de lui à un autre homme. Non, le vieil homme aurait même été plutôt content qu’elle se soit trouvé quelqu’un. La blanche réprima un petit rire en se souvenant d’une dispute qu’elle avait eu avec le mécanicien. C’était partit d’une broutille, et ça avait grossit au point qu’ils étaient restés fâchés une bonne semaine. Elle secoua légèrement la tête, attrapa de quoi se changer et partit s’enfermer dans la salle de bains.

Longuement, la demoiselle s’examina dans le miroir. Elle regarda ses petits yeux gris et tristes en toute circonstance, ses longs cheveux blancs dignes d’une femme âgée. Elle n’avait rien de vraiment attirant, alors pourquoi tenait-il tant à ne pas la perdre ? Lynn prit un peu d’eau dans le creux de sa main et se l’envoya en plein visage. C’était pas le moment de penser à ça. Elle fit à nouveau apparaître son sourire, s’essuya le front et les joues, et mit le short et le débardeur qui lui servait de pyjama. Elle patienta encore une minute afin de laisser assez de temps à Reno pour enfiler le tee-shirt, ôta ses bottes qu’elle abandonna dans l’entrée avant de regagner la chambre d’une démarche souple. Elle s’arrêta à la porte, toquant légèrement pour le prévenir de son arrivée.

« - Je peux venir ? »

Reno sourit, elle l'étonerai toujours. Il s'était changé depuis longtemps et même si ce n'était pas le cas, il était un mec et il se fichait bien que Lynn le voit en sous-vêtements. Il lui ouvrit rapidement la porte et la prit dans ses bras pour l'attirer au lit. Il s'y laissa tomber en l'entrainant avec lui et rabatit les couvertures sur leur corps. Reno passa sa main le long de son dos et s'arrêta à la hauteur de sa taille, n'osant descendre plus bas. Il posa ses lèvres contre les siennes. Il fallait dormir mais...

-Bonne nuit, souffla-t-il à regret en collant son front au sien, les yeux grand ouverts, fixants leurs vis-à-vis.

» Absence/Retour
» Retour aux racines
» Mon Absence/Retour