Retour à Midgar

L’attitude allègre et radieuse du rouquin exaspéra aussitôt la jeune femme qui se demanda si y avait pas un bouton pour l’éteindre ou bien si il s’était branché sur le secteur. Elle lui jeta un regard torve avant de continuer à examiner les lieux. Ils étaient donc au sommet du bâtiment Shinra, sûrement sur la piste d’atterrissage des hélicoptères et autres machines volantes. Bien plus bas, on pouvait apercevoir la plaque qui, de part sa superficie, dissimulait les Taudis. Un gros disque en ferraille qui cachait soleil et air pur aux habitants du dessous, c’était pitoyable et pourtant incroyable. Un frisson la parcourut. Détruire cette plaque signifiait détruire également ce qu’il y avait en dessous... Lynn cligna des yeux et reporta son attention sur ses nouveaux coéquipiers. Le roux lui dit alors qu’il pourrait lui servir de guide dans Midgar. Un bref sourire éclaira le visage neutre de la jeune femme, mon vieux, si tu savais... Il reprit ensuite la parole en lui annonçant que leur chef, qui était également le sien à partir de maintenant, allait lui faire visiter les locaux de la Shinra. Songeuse, Lynn se demanda si elle devait liquider ce chef durant la visite, si une occasion se présentait. Non, ce serait trop dangereux et trop tôt. De toute manière, ce sera Eden qui devra s’occuper du sale boulot.

Reno s’était bizarrement tu. Qui avait débranché la prise ? Le regard du jeune homme aux cheveux de feu pointait sur quelque chose qui se tenait dans l’ombre du bâtiment. Lynn plissa les yeux mais ne discerna pas grand-chose, hormis le fait que ce soit une silhouette humaine... Ce devait être un haut placé ou un truc dans le genre pour que l’extravertie petite boule orange soit aussi calme. La mécanicienne descendit de sa moto et plaça la cale.

-Bonjour monsieur, j'ai trouvé notre recrue, elle est très forte, rapide et agile. Elle s'appelle...

Un homme blond s'avança vers le groupe, vêtu de blanc et d'allure autoritaire, il était suivit d'un autre homme à la longue chevelure d'ébène d'origines Utaïennes. Droit comme un I, Reno parlait de son ton professionnel et neutre, au grand soulagement d'Elena.

-Une femme, coupa le président, c'est tout ce que vous avez pu trouver? S'enquit-il avec un certain dédain, regardant de haut en bas la femme.

Reno se mordit la lèvre. Que répondre? Fallait-il seulement dire quelque chose? Devant son patron? Inquiet, il jeta un regard de biait à Lynn. Il n'avait toujours pas compris lui non plus pourquoi elle et pas un autre. Il ne savait comment l'expliquer mais elle avait un truc bizar qui l'intriguait, mais quoi? Il se tu donc, espérant qu'elle ne ferait pas de stupidité, lui lançant un regard d'excuse qu'elle, il l'espérait, verrait. Oui, le président manquait de tact, mais une fois qu'on le connaissait...

Il lui donnait du monsieur, les chances qu’il soit leur patron étaient plus que plausibles. Lynn garda son maintien stricte et droit, le visage dur. Dès que cet homme eu émit sa première réplique, les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Encore un macho sans cervelle, un sale riche qui passait plus son temps derrière un bureau qu’à trimer comme une personne normale. Immédiatement, la mécanicienne sentit que le courant ne passait pas, encore faut-il qu’elle le laisse passer. Cependant, elle se résigna à mettre sa franchise dans sa poche avec son mouchoir par-dessus pour éviter, dès le début, des ennuis inutiles et futiles. Malgré toute sa bonne volonté, elle dû quand même se mordre férocement la langue au point que le goût métallique et âcre du sang lui envahisse la bouche. La plaie intérieurement se referma quelques minutes après, sans que Shisha puisse faire de reproches à Tenshi, après tout, ce n’était pas une blessure visible.

Son regard divergea dans la direction de Reno qui, au même instant, lui envoyait le sien, lourd d’excuses. Au moins, le manque total de délicatesse de la part de ce richard n’apparaissait pas qu’à ces yeux. Mais tout de même ! Il aurait pu prévenir ce... Lynn se ressaisit, fixant un point invisible dans le lointain horizon bleuté. Fallait pas qu’elle se laisse aller, même en pensées. Un peu plus et... Mieux valait ne pas y penser. Le point, bien qu’imperceptible, semblait pour elle merveilleux. Il l’empêchait de faire trop attention au dévisagement hautain de son nouveau chef.

-Enfin, si vous l'avaiez testé... bien sûr, Tseng passera les derniers vérificatifs... Fit-il sans cesser d'évaluer la femme du regard. Vous avez la journée libre, Reno et mademoiselle -ou madame-...

-Lynn, monsieur, corrigea Reno.

-Reno, tu lui fais laisser sa moto au garage privé et ses effets dans ses appartements, tu lui feras également faire le tour des points importants du fonctionnement, Tseng se chargera des tests demain et s'ils sont concluents, feras le reste de la Shinra. Elena, Rude, venez avec moi, un ingénieur m'a proposé un nouveau composé de mako qui le diluerait sans alltérer son efficaciter, je voudrais vos avis...

Le président tourna les talons et les trois Turks le suvèrent tel de petits chiens de poche. Reno se retrouva seul sur le toit en compagnie de Lynn.

-Pardon, il a l'air un peu... enfin... mais c'est un bon président, enfin, mieux que le précédent, c'est seulement que tu est inconnue pour lui et il s'attendait plus à un homme... Mais bon, ce n'est pas grave, tu aurais des effets à aller chercher chez toi? D'ailleurs, où habites-tu?

Le point finit par la lasser, un temps soit peu avant le départ du président. Qu’avait-il dit au juste ? Journée libre, effets et tout le tralala. Tiens, ils avaient également un garage privé ? Endroit sûr et simple qui pourrait peut être lui rappeler son chez-soi. Sur ordres de l’important blond, Elena, Rude et l’homme aux cheveux noirs, Tseng probablement, le suivirent de près, obéissant sagement à leur patron. Il ne restait donc que le roux et la blanche. Le premier enchaîna immédiatement un flot de paroles parsemé de questions. Oui, elle aurait vraiment besoins de ses fringues et de ses outils si ils comptaient l’installer ici. Par contre, elle aurait aimé y aller seule. La demoiselle considéra un instant le jeune homme. Elle sortit ensuite son agenda de poche, qui ne la quittait décidément donc jamais, et consulta un petit mémo personnel.

« - Va falloir se dépêcher. Le prochain train part dans treize minutes et quarante-six secondes, sinon on devra attendre une heure avant le suivant. » dit-elle d’un ton décontracté, sous-entendant qu’ils allaient devoir se magner le derche.

Elle rangea son mémo et chercha une sortie du regard. C’était dur à avouer, mais heureusement que Reno était là pour la guider.

Reno sourit et pointa l'ascensseur.

-La gare est pas loin, on a le temps... On va aller ranger ta moto en passant.

Reno s'était quelque peu calmé mais reprenait son air joyeux, mais sans exessivité cette fois. Il appuya sur le bouton de l'ascensseur qui arriva rapidement. Le duo y entra, la femme avec sa moto, et Reno se remit à parler mais d'une façon ressemblant plus à une conversation qu'à un monologue, son patron ayant refroidit sa joie d'avoir trouvé la perle rare... et d'avoir mit fin à une quête qui aurait pu s'avérer très, très longue.

-Tu ne m'as toujours pas dis dans quelle ville tu habite...

Hochement de tête. Elle agrippa le guidon de sa moto, releva la cale du bout du pied et poussa l’engin dans l’ascenseur, le stabilisant en diagonale de la cabine afin que tout rentre correctement. Une musique de fond emplissait la pièce, un son énervant de par sa lenteur et sa répétition. Mais elle ne lui était étrangement pas inconnue. Oh, ça remontait quand même à sept ans, et c’était l’un de ses seuls souvenirs de cette époque et du moment de son évasion. Sous son costume de soldat de petite catégorie, elle avait prit un ascenseur du même genre et avec la même musique qu’elle avait dû écouter tout le long, l’angoisse de se faire retrouver lui tenaillant le ventre. Ce n’était franchement pas un bon souvenir. Encore une fois, elle préféra se concentrer sur quelque chose d’autre. La vue qu’ils avaient aurait pu être splendide si il n’y avait pas eu tout ce morceau de ferraille qu’est la ville. Reno recommença à parler, modérément mais toujours en monopolisant la conversation, ce qui n’était pas plus mal d’ailleurs. Nouvelle question qui fit lever un sourcil à la demoiselle.

« - Selon toi, où vont les trains qui partent d’ici en général ? »

La réponse était évidente, ils menaient presque tous aux Taudis. Mais elle préféra qu’il le dise de lui-même, non pas qu’elle ait honte d’y loger, c’est juste qu’elle n’avait pas envie de s’étendre sur ce sujet, surtout sur le pourquoi et le comment elle s’était retrouvée là bas... Et puis de toute manière, elle avait largement atteint son quota de mots pour la journée.

Reno n'y avait pas pensé mais après tout, c'était évident. Il se sentit honteux et biassa la tête, gardant le silence. Les paroles pronnoncées par Lynn lui semblaient remplies de reproches. Il était clair qu'il lui tombait sur les nerfs mais pas comme à Elena ou Tseng, avec elle, il se sentait vraiment mal. Peut-être parce qu'il ne la connaissait pas encore, peut-être ce il-ne-savait-quoi qui l'intriguait...

Le rouquin garda donc le silence le restant de la descente. Il indiqua à la femme où laisser sa moto et partirent, toujours en silence, vers le quai du train. La tête basse et les mains dans les poches, Reno marchait sans même regarder sa voisine. Ils attendirent deux ou trois minutes le train avant d'y monter et de s'y asseoir. Le rouquin n'aurait su dire si le trajet avait été long ou non, il regardait par la fenêtre sans rien voir, comme perdu dans son monde.

Quand Lynn se leva, il la suivit hors de l'engin et commença à marcher sans réellement regarder où il allait, il se sentait mal. C'était plutôt étrange en fait pour lui et cela le troublait quelque peu. Il s'arrêta soudain de marcher, immitant la blanche, et leva les yeux.

Une grosse bourde, voilà ce qu’elle venait de faire. Un Reno qui ne parle est plus ennuyeux qu’un Reno qui parle, grave erreur donc de lui avoir répliqué ainsi. Présenter ses excuses ? Lynn fut tentée mais renonça, il allait s’en remettre et puis, pas de familiarités entre eux. Sur indication du jeune homme, Lynn laissa sa moto sur place, récupérant au passage la clé de contact et la replaçant adroitement sur son trousseau. Silencieusement, elle le suivit jusqu’à la gare. Un unique train se trouvait là, le leur, celui du troisième secteur. Ils entrèrent, le rouquin s’installa aussitôt sur u siège, les yeux dans le vague. La blanche resta debout, se tenant parfois à la barre de métal verticale lors de trop brusques freinages.

Enfin, les portes s’ouvrirent, laissant les rares passagers du convoi sortir. Tristes et sombres, tels étaient les Taudis. Des cailloux, de la brique et du métal. Rien de naturel ici. Mais quand on vivait à Midgar on avait l’habitude et on ne se plaignait pas, ou alors tout bas, afin que la milice ne vous entende pas. Les rôles s’inversèrent, Lynn prenant celui de guide et Reno celui de suiveur. Ils marchèrent lentement, jusqu’à arriver dans ce que l’on pourrait qualifier d’habitations. Et puis quelque chose tomba sur la tête de la demoiselle, glissa dans sa longue chevelure avant d’être recueilli dans le creux de sa main gantée. Un rouage. Dans un soupir, Lynn leva les yeux vers la maison devant laquelle ils passaient. Une vieille dame se tenait sur un soi-disant balcon, un truc branlant ou l’on pouvait faire deux pas au grand maximum. Elle regardait le duo de ses yeux bienveillants et ternis par l’âge. Un sourire éclaira alors le visage de la neutre et insensible jeune femme, un véritable sourire doux et amical, expression rare qui n’allait pas tarder à disparaître.

« - Encore des problèmes avec votre horloge, madame Shinsetsu ? »

La vieille lui rendit son sourire en acquiescant de la tête.

« - Ne m’en parlez pas Lynn, cette antiquité me fait tourner bourrique. Si vous aviez une minute pour la voir, à moins que cela ne vous dérange. » répondit-elle en observant celui aux cheveux de feu.

« - Pas du tout, je vais chercher de quoi vous la rafistoler, je n’en aurai pas pour longtemps. »

« - Je vais faire chauffer du thé alors ! »

Et avant que Lynn n’ait pu protester, la dame était retournée dans sa maison. Baissant la tête, la mécanicienne continua sa route.

« - J’espère que ça ne te dérange pas. » dit-elle à son accompagnant.

Ils arrivèrent ensuite face à un grand bâtiment en ferraille, une sorte de hangar. La Shisha prit une de ses clés, la tourna dans une serrure. Un déclic. Elle fit ensuite coulisser la lourde porte sur le côté et entra dans ce qui était sa maison. Des objets divers s’éparpillaient dans la pièce, des montagnes de babioles qui s’entassaient, prenant une place monstre. Tout au bout, derrière un simple paravent, on discernait la forme d’un lit ainsi que de celle d’une armoire. Agilement, elle se déplaça jusqu’à ladite armoire qu’elle ouvrit d’un geste vif. Les portes grincèrent. Une valise ouverte fut posée sur le lit, Lynn entreprit alors de la remplir avec le strict minimum.

-Non, vas-y, on a la journée, dit-il sans expression particulière.

Ils marchèrent encore un peu et de nouveau, Lynn s'arrêta et sortit une clé de sa poche. Médiocre comme endroit... Elle serait surement mieux à la Shinra pour vivre.

Reno regarda la blanche s'activer en restant dans l'embrasure de la porte. Elle semblait aimée dans le quartier... Du moins cette feme avait l'air de l'apprécier et elle ne devait pas être la seule... Mais même si elle partait, elle pourrait toujours revenir ses jours de congés...

Quand la femme revint avec sa valise, Reno tendi la main pour la saisir. Toujours en silence, ils sortirent de l'habitation chargés de la valise et d'un coffre qui devait renfermer des outils. Ils refirent une courte marche avant de s'arrêter. Ils n'eurent même pas à frapper à la porte qu'elle s'ouvrit et Reno reconu la vielle femme de plus tôt. Il la salua d'un signe de tête avec un petit sourire mais ne dit rien, ne s'attendant pas à être présenté de toute manière.

La vieille dame s’empressa de leur faire poser leurs affaires et, comme elle venait juste de faire le ménage, de mettre de jolis patins roses réservés aux invités. Lynn dézippa ses longues bottes, extirpant du cuir ses fines jambes pâles. Elle les rangea dans un coin, chaussa les patins et attendit que le rouquin en fasse de même. Toujours aussi vive de pensée, la femme du troisième âge remarqua la valise. Son esprit ne fit qu’un tour. Un grand sourire s’étendit sur son visage lorsqu’elle regarda la blanche. Mais elle préféra garder ce qu’elle avait à dire pour la séance de thé. Elle les invita à s’installer, ce qu’il firent comme le veux la coutume, appuyés sur leurs genoux autour d’une table basse. Madame Shinsetsu posa devant eux une tasse remplie d’un liquide noir fumant, avant de prendre également place.

« - Alors, mon petit, on déménage ? »

Lynn approuva d’un hochement de tête tout en présentant le second invité. La vieille dame tourna alors les yeux vers le jeune homme.

« - Je suis si contente que Lynn ai pu trouver chaussure à son pied, je n’y aurais jamais cru à vrai dire. Elle est trop taciturne et trop froide par moments, j’espère qu’elle n’est pas comme ça dans l’intimité. »

Le thé brûlant faillit faire s’étouffer la demoiselle qui garda difficilement son sang froid.

« - Je vous demande pardon ? » balbutia-t-elle.

La dame se mit à rire en voyant la gêne qu’elle venait d’occasionner. La blanche reposa sa tasse, la tête légèrement baissée.

« - Reno et moi sommes collègues, rien de plus. Ne vous faites pas d’illusions. »

« - Mais oui, mais oui. dit-elle en montrant bien qu’elle n’y croyait pas. Mais dites moi, vous déménagez loin ? »

Lynn se mordit la lèvre inférieure, que répondre ? Avec cette femme, il fallait bien peser ses mots. Elle bu une autre gorgée, le temps de trouver une idée. Comme rien ne vint, autant lancer leur hôte sur un autre sujet.

« - Votre thé est excellent. »

La vieille la remercia et partit ensuite sur les petits commérages et potins du quartier. Le temps passa vite alors qu’elle monopolisait la conversation. Puis, lorsqu’elle remarqua enfin qu’elle avait trop parlé, elle apporta son vieux coucou, une antiquité datant d’avant les guerres d’Utaï, à la mécanicienne qui eu tôt fait de le remettre sur pieds.

**
*

Une heure s’était écoulée entre le moment où ils avaient franchit la porte pour rentrer et le moment où ils étaient sortis. Un rapide au revoir de la part de leur hôte et les voilà à regarder bêtement leurs pieds, ne sachant que faire ou quoi dire.

Reno était resté silencieux. Il se sentait comme un intrus et cette dame l'avait vraiment déstabilisé. D'abord en sous-entendant la relation qui auraient liée ses deux visiteurs, et ensuite en parlant si gaiement de tout et de rien. Certaines personnes vivait donc encore heureux dans ce coin de la ville?

-Alors, tu... tu a un autre endroit où tu veux aller ou... Demanda maladroitement Reno, toujours quelque peu gêné en repenssant aux paroles de la vielle femme, lui qui habituellement ne l'était jamais.

Pour toute réponse, Lynn secoua négativement la tête. Non, il n’y avait plus rien ici qui l’intéressait... Elle releva les yeux, soudainement songeuse. Tout compte fait, il lui restait encore une chose à faire. La valise lui glissa volontairement des doigts, retombant sur le sol sans bruit. La boite à outils la rejoignit rapidement.

« - J’ai oublié un truc, attends moi là. »

En quelques enjambées, la voilà de retour à son hangar. La porte fut ouverte et la blanche disparut dans l’ouverture béante et sombre. Une minute passa. Un moteur rugit, et la jeune femme ressortit, chevauchant une moto ancienne. Elle referma la porte à clé et roula doucement jusqu’au rouquin à qui elle tendit un casque noir intégral. Des lunettes noires furent posées sur l’arrête de son nez. Elle descendit de l’engin vrombissant, rangea la mallette et la caisse dans les sacoches arrières où chacune rentrait pile poil. Elle retourna s’asseoir derrière le guidon.

« - C’est un vieux modèle, y a pas de poignées pour te tenir mais je te conseilles quand même de trouver un truc pour t’accrocher. »

Lynn dévisagea, au travers de ses lunettes de soleil, le jeune homme, patientant qu’il se décide à monter.

Reno fut surprit, d'abord de la seconde moto que possédait la femme, ensuite du modèle plutôt ancien, puis des modifications qu'il devinait. Le malaise qu'il avait ressentit plutôt le reprit. Les motos, il était habitué... seul. Et même s'il avait une passagère, habituellement, c'était le mec qui conduisait!

Presque à contrecoeur, Reno descendit devant ses yeux les lunettes sur son front et mit le casque. Il enforcha quelque peu maladroitement la moto, tentant de toucher le moins possible la conductrice.

La vielle dame lui revint alors en tête. Il tourna la tête et la vit sur son balcon, comme lors de leur arrivée. Son visage ouvert et souriant prouvait bel et bien qu'elle croyait à cette union entre le rouquin et la blanche. Gêné, Reno détourna le regard et tenta de s'accrocher au siège. Quand l'engin démara cependant, il n'eut d'autre choix que de saisir les flancs de Lynn.

Il se surprit à rougir. Mais qu'est-ce qui lui prennait aujourd'hui? Ce n'était qu'une fille, il en avait vu des centaines, pourquoi l'impressonnait-elle à ce point?

L’engin se mouvait lentement dans le petit quartier délabré qu’était ce secteur, zigzaguant parmi les piétons avec une aisance naturelle qui semblait s’accorder au calme apparent de la conductrice, même si intérieurement elle contractait sa mâchoire de toutes ses forces. Elle avait horreur d’avoir un passager, même si il ne s’agissait que du tout premier, aussi loin que remonte sa mémoire. Il n’étreignait pas les hanches de la demoiselle avec fermeté mais plutôt par obligation, une chance, sinon il se serrait rapidement fait désarçonné. Lorsque le terrain apparut comme dégagé, Lynn tourna machinalement la poignée de l’accélérateur, passant ainsi du trente pépère et prudent au cent dix vif et déterminé. Elle ralentit à peine quand elle gravit l’escalier qui menait à quai de la gare et continua tout droit, jusqu’à une extrémité où elle la fit sauter. Le deux roues retomba lourdement sur les rails, secouant un peu ceux qui le montaient, nouvelle accélération. Cent trente tout rond dans la totalité du chemin quadrillé qui menait à la plateforme.

De nouveau en ville, Lynn réduisit l’allure de sa moto et la stoppa proprement devant le monstrueux bâtiment de la Shinra Electric Power Compagny. La blanche coupa le moteur et laissa descendre le roux d’abord. Elle ôta ensuite ses lunettes de conduites et les rangea immédiatement après dans la poche intérieure de sa veste. Son regard croisa celui du rouquin. Il n’avait pas été malade au moins ? Le casque était nouveau, enfin, si on peut appeler ça nouveau puisqu’elle avait presque entièrement retapé un qui venait de la récup afin de lui offrir une seconde jeunesse. Bah, cela importait peu finalement, elle avait à se préoccuper d’autres choses.

Reno ne l'avouerait pas, mais il admirait la conduite de la jeune femme. Elle n'ésitait pas et faisait des trucs marrant -du point de vu de Reno-. Elle avait une conduite de mec!

-Tu peux mettre ta moto avec l'autre au garage, lui dit-il gentiment. Ensuite je pourrais te montrer ton appart pour déposer tes turcs et heu... Reno se gratta la tête et regarda sa montre. Bha l'heure de manger est pas mal passé et la caffet' va être fermée... de même que les épiceries du coin... Il y a toujours les distributrices mais je te conseille pas! J'ai surement quelque chose chez moi si ça te dis... ou si tu préfers aller manger seule chez toi, aussi, il n'y a pas de problème...

Gêné de presque obliger la jeune femme à manger chez lui il regarda ailleurs en se serrant légèrement les mains dans le dos, attendant une réponse.

Lynn suivit consciencieusement les indications du jeune homme et alla porter sa moto au garage. Elle se demanda si vraiment elle ne pouvait pas l’emmener dans son appartement mais cela aurait été égoïste de sa part et Reno pourrait vraiment la trouver bizarre. Mais qu’il y a-t-il de bizarre à préférer les motos aux êtres humains ? Selon la blanche, rien du tout, mais il n’était pas nécessaire de prendre son avis en compte. Elle suivit ensuite le rouquin dans l’aile réservée aux appartements. Une porte était entrouverte, la clé dans la serrure. Ils s’arrêtèrent devant, c’était ici. Lynn entra la première, découvrant avec appréhension l’intérieur de son nouveau logis. C’était petit, un quatre pièces exigu et complètement différent de son hangar, qu’elle commençait déjà à regretter... Elle jeta sa valise sur son lit qui cracha un flot de poussière perceptible à l’œil nu.Avec une mine de dégoût, Lynn ouvrit les fenêtres une à une, bien décidée à aéré un peu ce lieu étouffant et sûrement inhabité depuis des mois.

Et puis, elle souvint que Reno était toujours planté dans le salon, à attendre sa réponse. C’était gentil de sa part, mais elle allait devoir refuser son invitation, de toute manière elle n’avait pas très faim. Enfin, elle non mais Tenshi n’était pas du même avis. Le gargouillis du ventre de cette dernière résonna dans la tête de la jeune femme qui faillit bien pousser un soupir de mécontentement. Si l’une d’elles avait faim, il fallait que celle qui possède le corps mange pour que l’autre soit rassasiée. Shisha garda son calme et repassa dans le séjour. Elle s’avança vers l’homme et baissa piteusement la tête.

« - Tu es sûr que ça ne t’ennuie pas de m’offrir le repas ? »

Disant cela, elle alla poser sa boîte à outils sur l’unique table de la maison, celle qui se trouvait dans la cuisine.

-Mais non, il faut bien que tu mange! Sourit Reno.

Ils sortirent de l'appart de la jeune femme et se dirigèrent vers celui du rouquin, quelques portes plus loin. Il ouvrit et fit entrer son invitée.

Sa demeure n'était pas vraiment plus grande mais au moins habitée. Les murs étaient peints de couleurs chaudes et joyeuses, ce qui agrandissait l'espace et les meubles avaient été modifié, voir changés. Ils étaient noirs pour la plus part, faisant en sorte que l'appart ne soit pas féminin ou trop coloré. L'enssemble était plaisant... Pas digne d'une revue de mode, mais plaisant.

Reno se dirigea vers la cuisine. Elle était bien équipée et de façon moderne. Une table ronde de style café était collée à un mur, pouvant acceillir une personne, deux s'ils ne prenaient pas trop de place.

-Si tu préfère aller manger chez toi, prends ce qui t'intéresse, proposa Reno en faisant un signe vague en direction du frigo et du garde-manger. Sinon, j'avais dans l'idée de faire des pâtes si ça te dis...

Reno aurait bien aimé qu'elle reste, il mangeait rarement accompagné et aurait aimé en savoir plus sur la nouvelle recrue. Et s'il finissait pas percer sa coquille, peut-être pourraient-ils devenirs amis...

Contrairement au sien, l’appartement de Reno était radicalement plus présentable et habitable. Le style était plutôt pas mal, une petite garçonnière agréable à l’œil et s’accordant parfaitement avec le propriétaire des lieux. Le sentiment de malaise qu’elle avait prévu ne vint pas, la pièce était correctement agencée, chaque chose ayant sa place. Cela surprit la jeune femme qui ne s’attendait pas à ce que le rouquin soit aussi ordonné. Son regard ne s’attarda pas trop, elle n’avait pas envie de passer pour une impolie. Lynn suivit le jeune homme dans ce qui était la cuisine.

La proposition de Reno était tentante, mais elle devait faire des efforts. Si, plus tard, elle avait besoin de la confiance des Turks elle devait faire bonne figure. Et puis, il est plus facile de poignarder quelqu’un par derrière qu’en l’attaquant de front... Même pour cela il fallait d’abord gagner un semblant d’amitié. Lynn sourit légèrement.

« - Va pour des pâtes alors. »

Elle défit sa veste grise et, sur signe du roux, la posa sur une chaise. Elle retroussa les manches de sa chemise blanche et retourna près de son hôte qui s’affairait déjà à la préparation du repas.

« - Je peux t’aider ? » demanda-t-elle en s’approchant.

-Ouais, tu peux mesurer les pâtes et les mettre dans l'esu chaude, le chaudron est là... Moi j'en fait toujours trop, au moins, cette fois-ci je vais pouvoir mettre la faute sur quelqu'un, essaya-t-il de la taquiner sans trop pousser, son humour étant parfois trop amical pour la situation.

Il prépara lui même la sauce dans un autre chaudron. Il y mit un peu tout ce qui lui tombait sous la main sans suivre de recette, comme il en avait l'habitude.

Le résulta fut une sauce blanche avec du bacon, un léger goût de fromage fondu, des champignons et des épices. Il mit le tout dans un autre chaudron et le mit au feu et sortit les couverts.

Les pâtes furent dosées avec justesse, suffisait de faire deux portions d’une personne, tout en prévoyant un peu de rab au cas où. Dans la casserole, l’eau bouillait, dégageant un écran de vapeur qui indiquait que l’on pouvait l’utiliser. Lynn plongea les pâtes dans l’eau, baissant un peu le gaz afin d’éviter que cela ne déborde. Elle regarda sa montre, encore une dizaine de minutes et elles seraient al dente. Puis, elle aida le roux à dresser la table. Elle revint juste à temps pour à nouveau atténuer l’arrivée de gaz, les remous manquant de passer par-dessus bord. Dans un pot sur le côté, elle s’empara d’une spatule en bois et piocha l’une des coquillettes pour ensuite la porter à sa bouche. C’était comestible quoiqu’un peu trop ferme. Encore une minute, peut-être deux pour être sûre. La blanche attendit patiemment et éteignit le feu peu après. Elle trouva une passoire qu’elle posa dans l’évier afin d’égoutter les pâtes. Une fois qu’elles furent retournées dans leur casserole, elle apporta celle-ci à table et la posa sur un sous de plat. Prenant l’assiette de son hôte, elle lui servit d’instinct une large portion. Le peu d’hommes dont elle se souvenait, c'est-à-dire son maître, avait toujours une faim de loup après une rude journée de travail, et même lorsqu’il ne travaillait. Donc dans sa tête c’était : un homme ça mange beaucoup. Elle fournit moins sa propre assiette, n’ayant pas vraiment un grand appétit. Reno amena alors une deuxième casserole encore fumante. Une sauce blanche.

« - Cela sent rudement bon. »

Un autre sourire accompagna ses paroles. Il était effacé mais il s’agissait bien d’un sourire, si l’on admettait que le fait de relever le coin de ses lèvres était un sourire.

Reno perçu le mini sourire de Lynn et lui répondit également en souriant.

-Merci, je ne sais pas si ça va être bon par contre, faire des pâtes pour moi c'est une surprise à chaque fois, je n'ai aucune idée du résultat. d'abitude, c'est pas si mal...

Reno prit place, souhaita un bon apétit à son invitée, et prit une bouché. Il fut ravi de voir qu'il n'avait pas raté son coup, quoi que cela était assez rare.

Il tenta de trouver un sujet de conversation pour qu'un silence inconfortable ne s'installe pas. Il pensa demander à la femme ce qu'elle faisait avant d'être mécanicienne, mais il trouvait que cela faisait trop ''psy''. Comment elle avait réussit à changer d'aparence plus tôt? Non, il ne voulait pas la brusquer non plus...

-Comment tu trouve ça? demanda-t-il malàdroitement en parlant du repas.

Tout comme son hôte, Lynn murmura un bon appétit et commença à triturer son assiette. Tous les bouts de bacon rejoignirent un coin reculé, on est végétarienne ou on ne l’est pas. La sauce n’avait cependant pas le goût de la viande fumée, ou bien était-ce à cause du fromage qui le cachait. Mais qu’importe, le repas était délicieux, cela changeait des gâteaux secs ou des onigiris de sa vieille voisine. Elle faillit répondre cela à Reno mais se ravisa, disant juste que c’était bon. C’était le calme plat, un silence morne qui planait au dessus de leur tête. Il fallait que le rouquin se décide à parler, à vrai dire, elle aimait bien lorsqu’il parlait et... Idiote, lui souffla l’aimable Eden. C’est vrai qu’elle était une idiote. Ses yeux restèrent un instant figés sur le visage du jeune homme, une expression triste se lisait en eux. Lui aussi, elle le tuerait un jour ou l’autre. Même si il n’avait rien fait, elle le tuerait, tout comme Elena, Rude et les autres. Ou bien ce sera à eux de la tuer. Le destin choisira, comme il l’a toujours fait d’ailleurs.

Si il ne trouvait pas de sujet de conversation, il nécessaire de lui en procurer un. Lynn se dit qu’il valait trouver sujet divers, sachant que le rouquin saurait le faire diverger comme bon lui semble. Tant qu’à faire, autant se renseigner sur des choses qui la concernent un tant soit peu.

« - Tu sais où va se passer mon examen demain ? »

C’était un commencement minable, elle l’admettait volontiers, mais c’était tout de même un commencement.

Reno relava la tête et croisa les yeux de son invitée. Pourquoi semblait-elle si triste? Pas effrayée ou mal à l'aise, mais triste.

-Probablement dans un entrepôt abandoné quelque part... je te préviens, donne tout ce que tu a, il ne sera pas comme moi ou Rude. Tseng te fera passer des tests de combats mais aussi d'espionnage, de conduite, pleins de trucs et si tu ne fait l'affaire, il te tuera. Tu en est capable mais n'essaie pas de jouer mystérieuse ou ''petite fille sans défence'', pas avec lui... Reno se rendit alors compte du ton dramatique qu'il avait prit et fini par sourire. Mais t'as pas à t'en faire sinon! Tu est végétarienne? fit-il en avisant son assiette. Tu aurais dû me le dire...

« - Hnn... » répliqua la blanche.

La viande n’avait jamais été son fort, et elle avait dégoûtée à vie en voyant sa colocataire rousse manger des animaux crus, faute de moyens. Mais ce n’était pas cela le plus important, la partie concernant son test était de loin une mine d’information. Donc elle avait le choix, réussir le test et se venger, ou bien le rater exprès, liquider le témoin et reprendre une vie normale. C’était un véritable dilemme mais dans le second cas, elle risquait de se faire courser par la Shinra... Bon, elle verrait bien demain. En attendant, elle devait penser à autre chose et pour cela, elle se concentra uniquement sur son assiette. Cette dernière fut vidée lentement, le bacon restant sagement à sa place.

« - Merci pour le repas, c’était délicieux. » déclara-t-elle soudainement.

Elle jeta un bref coup d’œil à sa montre.

« - Je t’aide pour la vaisselle et j’y vais, je ne veux pas t’importuner trop longtemps. » ajouta la jeune femme avec son visage neutre.

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