Crash aérien

Lynn se mordit désespérément la lèvre. Il ne comprenait donc rien à rien. Elle dû se faire violence pour ne pas sortir la phrase blessante qui traversa son esprit. Ses traits se relâchèrent un peu, devenant un mélange de tristesse et de peine. Elle baissa les yeux.

« - Oublies ce qu’il s’est passé, et oublies moi, c’est la meilleure des choses que tu puisses faire. Elle releva légèrement la tête, l’air à nouveau sérieux. Je n’ai pas d’existence ni de sentiments, et je sais que je continuerais à te faire souffrir. Alors lâche prise, c’est tout ce que je te demande. »

Baissant un peu la voix sur les derniers mots, la blanche lui tourna une fois de plus le dos. Elle serra son poing sous l’oreiller, cherchant à calmer la pointe de douleur qui lui tiraillait la poitrine. Tenshi émit un faible soupir. Eden, lassée, préféra aller se coucher. Lynn ferma ses paupières et se décida à s’endormir, bien que le sommeil paisible se trouvait désormais hors de portée.

-C'est faux, se contente de murmurer Reno avant de fermer les yeux à son tour.

Malgré les paroles de Lynn, il s'endormit rapidement et profondément. Dans son sommeil, par habitude surement, il se colla au dos de la blanche et l'entoura de son bras. Il dormait vraiment bien et sentait toutes ses forces lui revenir, son énergie, tout ce qui le rendait lui. Il rêvait de toutes sortes de trucs... et des coups frappés à la porte avec une voix aussi:

-FEMME DE CHAMBRE!

Ah non, ça, ce n'était pas son rêve. Il se réveilla en ouvrant lentement les yeux. Impossible que Lynn dorme encore vu la voix perçante de la femme impatiente de l'autre côté!

Lynn plaqua instinctivement sa main sur son oreille en lâchant un grognement incompréhensible. Elle rabattit le drap sur sa tête, le sommeil ne semblait pas avoir déjà envie de la laisser. Il faut dire qu’elle avait vraiment eu du mal à le trouver, avec ce poids qui lui avait pesé sur la taille durant toute la nuit et avec cette chaleur désagréable dans le dos. Une nouvelle fois, des paroles aigues, mais dont elle ne comprenait pas un traitre mot, vinrent percer dans son esprit.

« - Hnn… Trop tôt maître… M’occuperais du coucou plus tard… » marmonna-t-elle en repoussant le bras qui l’enserrait.

Les coups à la porte redoublèrent d’intensité, la forçant à reprendre conscience de ce qui l’entourait. La blanche ouvrit péniblement un œil. D’abord, des murs en béton, ou en brique qu’importe, recouverts de papier peint. Depuis quand le hangar avait-il autant changé ? Et surtout, où était l’odeur d’huile de moteur et de rouille qui venait toujours emplir ses narines le matin ? La mémoire des dernières semaines revint la frapper si violemment qu’elle se réveilla complètement, bien que sa bonne humeur - si elle existe - ne soit pas également de la partie.

« Femme de chambre ! » répéta l’autre bonne femme derrière la porte en bois.

L’oreiller de la blanche vola à travers la pièce, s’écrasant contre ladite porte dans un bruit mat et distinct qui dû surprendre la femme, la faisant s’arrêter de toquer.

-Plus tard, marmona Reno, tout de même assez fort pour que la femme laisse tomber.

Il ouvrit timidement un oeil et rencontra une cascade de cheveux immaculés. Avec un petit gémissement d'aise, il se blottit confortablement contre Lynn, son nez dans sa chevelure qui sentait bon de la douche de la veille.

-B'jour, murmura-t-il doucement à l'intention de Lynn. J'suis bien là, continua-t-il d'un ton endormit.

« - Tss… Comme si je te sentais pas. » répliqua Lynn avec un semblant de mauvaise humeur.

Elle chercha à reposer correctement sa tête sur le matelas, mais sans son oreiller, ce n’était pas des plus évidents. Se grondant mentalement, elle bougea un peu pour trouver une position plus confortable mais rien à faire, elle avait besoin de son oreiller. Mais d’un autre côté, elle savait que si elle se levait pour aller le chercher à l’autre bout de la pièce, elle ne parviendrait plus à se rendormir. Aussi se tourna-t-elle face au rouquin, le dévisageant doucement avec un de petits yeux fatigués.

« - Tu partages ? J’ai la flemme de me lever. » avoua-t-elle en tirant sur l’oreiller du rouquin pour lui en chiper la moitié.

La blanche posa sans s’en rendre compte son front contre celui de Reno et referma ses yeux. Encore quelques minutes…

Reno sourit victorieusement. Elle avait beau lui parler avec mauvaise humeur, il savait qu'elle se serait dégagée si vraiment elle n'était pas bien. D'ailleurs, avait-elle dit cela? Non, elle avait juste dis qu'elle savait qu'il se collait. Et elle en redemandait en plus! Il l'entoura de nouveau de ses bras et ferma les yeux. Juste cinq minutes...

Lynn fut tirée de son sommeil par de gros coups donnés contre la porte d’entrée. La voix forte et tonnante d’un homme lui fit ouvrir en grands ses yeux.

« - Oi ! Debout les tourtereaux, il est midi passé quand même ! » gronda le tavernier.

La demoiselle pesta un peu, voulut se blottir un peu plus dans les bras du rouquin mais se ressaisit. Il avait dit midi ? Elle se dégagea doucement de l’étreinte chaleureuse de Reno, s’assit au bord du lit et passa sa main sur son visage encore prit par le sommeil. Elle se leva en titubant et marcha plus ou moins maladroitement en direction de la porte. Celle-ci s’ouvrit sur un Tom au regard emplit de sous-entendus. La blanche échangea quelque mots avec lui, à voix basse pour ne pas trop réveiller le roux - même s’il devait certainement l’être vu les cris de l’autre homme - et en profita pour se renseigner sur la position du téléphone dans l’établissement. Elle le remercia, avec une certaine ironie, d’avoir fait le service réveil et referma la porte.

Sa veste boutonnée, sa jupe remise par-dessus le short, Lynn alla dans la salle de bains pour se regarder un peu dans le miroir. Mouais… Ca pouvait être pire. Elle retourna dans la chambre et se dirigea vers la fenêtre. Le soleil resplendissait dans un ciel bleu dénué de tout nuage.

« - Je te laisse téléphoner à Tseng ? » fit-elle en se retournant vers le rouquin, le ton de sa voix laissant bien entendre qu’il ne s’agissait pas vraiment d’une question.

Reno grogna faiblement en signe de protestation quand Lynn se leva mais dû bien ouvrir les yeux. Il se redressa et s'assit dans le lit pour s'obliger à se réveiller et vit Tom de l'autre côté de la porte. Ouais, le voir torse nu ainsi devait être assez compromettant si on en jugeait au regard qu'il lançait à Lynn.

Il regarda la blanche s'habiller comme s'il était dans un autre monde avant de réaliser où il était et ce qui se passait. Il se leva defficilement et enfila son pantalong, tant pis pour la chemise! Il se passa de l'esu au visage pour finir de décoller ses yeux. Il vit son reflet dans le miroir. Ouais, pas pire qu'un lendemain de veille...

-Ouais, tu sais où est le téléphone? Demanda-t-il alors que son sourire tentait une percée peu convainquante sur son visage ensomeillé. Il vont venir nous chercher et avec un peu de chanhce, on aura droit à une journée de congé!

En entendant le mot ‘congé’, un sourire naquit sur le visage de la jeune femme. En plein ce qu’elle désirait. Elle pourrait en profiter pour rendre une petite visite à sa vieille voisine avant d’aller offrir le saké. Mais d’abord, elle devrait repasser à son appartement, voir si le pauvre chat n’était pas mort de faim, ce dont elle doutait quand même car après tout, il venait de la rue, il devait avoir vécu bien pire que ça.

« - En bas, à droite du comptoir. » indiqua-t-elle sans se départir de son sourire.

Lynn remit un peu d’ordre dans sa chevelure, chercha des yeux ses bottes qu’elle ne trouva évidemment nulle part, et sortit ensuite dans le couloir. Elle descendit les escaliers et arriva dans la taverne, plutôt remplie pour un midi. Dans le brouhaha des tables, elle discerna plusieurs choses intéressantes dont elle prit mentalement note. Beaucoup parlaient d’une explosion provenant des lointaines montagnes. Rien d’étonnant à ce que le scientifique fou ait fait sauter son repère. Elle quitta le bar et se retrouva en plein soleil, dans une rue peu peuplée d’Utaï. Elle s’adossa à un mur, attendant que le rouquin en ait terminé avec son coup de téléphone.

-Tseng, j'écoute, annonça la voix au combiné.

-C'est Reno, on aurait besoin que vous veniez nous chercher à Utai, on a réussit à s'enfuir mais l'hélico est perte totale.

-Oh! Reno, on te croyait mort, dit-il sur un ton neutre.

-Je vois que ça te touche beaucoup...

-Après ton message, difficile de croire le contraire, peu sont sortits vivants et en un seul morceau des labos d'Hojo... Tu... Tu est toujours...?

-En un seul morceau, oui, mais je te ferai mon rapport en rentrant, d'ailleurs, c'est quand? Demanda-t-il en s'impatientant et quelque peu mal à l'aise des propos de son chef en pensant à Lynn.

- On peut vous envoyer chercher dans deux jours...

-C'est trop gentil! Non mais ça va pas? On a plus un rond, même pas de quoi s'acheter de l'eau, Lynn est nu pieds et je commence à ressembler à un bucheron avec ma barbe!

-Allons, t'a vécu pire, t'es un Turks.

-C'est pas une raison pour nous laisser pourir ici, s'emporta Reno.

-D'accord, je t'envois Rude et Elena, on dis cinq heure aux portes de la ville.

-D'accord! À tanto mon chou! Fit le rouquin, de nouveau de bonne humeur.

Tseng grogna dans le téléphone et Reno racrocha. Il salua Tom et sortit. Il rejoint Lynn avec un grand sourire qui s'élargit en voyant qu'elle souriait aussi.

-À cinq heure à la porte de la ville, déclara-t-il avec un clin d'oeil. Ça laisse juste le temps de visiter le cartier! Tu viens?

Il lui tendit la main. S'il pouvait préserver la bonne humeur de sa compagne, ça serait encore mieux! Il devait faire attention!

Lynn fixa avec un certain étonnement la main que lui tendait le roux, hésitant un peu, mais elle finit par lui céder la sienne, le sourire toujours présent sur ses lèvres. Elle hocha la tête. Cinq heures ? C’était pas le quartier qu’ils allaient pouvoir visiter mais la ville ! Mais bon, c’était toujours mieux que rien. Par où commencer aussi ? Elle jeta un regard circulaire, se figeant en apercevant au loin une immense statue creusée dans le flanc d’une montagne. Il devait s’agir sans aucun doute du mont Da-Chao, celui dont son maître lui avait parlé un nombre incalculable de fois alors qu’il se remémorait l’Utaï de son enfance. La vue y était, paraît-il, magnifique.

« - Là-haut ? » demanda-t-elle en désignant du doigt les statues qui se superposaient et qui semblaient ainsi posséder plusieurs bras.

Et, sans lui laisser le temps de répliquer ou de refuser, elle le tira vers le chemin qui semblait mener au sommet. Les cailloux s’enfonçaient dans ses pieds nus mais elle s’en fichait pas mal, elle voulait juste voir, rien de plus.

Reno sourit de plus bel en voyant son initiative. Il la suivit en lui parlant de toutes sortes de choses, les missions qu'ils avaient fait à cet endroit, les coneries que lui ou Rude avaient fait, ou encore des trucs plus important comme les croyances ou mythes de la région ou des bribes d'histoire. Ils arrivèrent à un escalier creusé à même la montagne et le rouquin ne put s'empêché d'être soulagé pour les pieds de sa compagne. Ils montèrent un long moment et arrivèrent finalement à un plateau.

-On est au premier bras, expliqua le rouquin. C'est le moins haut mais on voit mieux la ville d'ici que d'en haut. Et il est idéal pour faire une pause.

Il la conduit donc le long du bras et de l'avant bras de la statue jusqu'à la main. Il ne s'agissait pas vraiment d'un chemin mais quelques personnes s'y risquaient, entre autre les Turks, et la vue y était magniifque car on voyait les détails de la ville. Reno s'assit en tailleur dans la paume de la main ouverte vers le ciel et attendit les impressions de le blanche.

Lynn l’avait écoutée sans un mot, fascinée par tout ce qu’il racontait. Elle aimait bien tout ce qui concernait les mythes et légendes, mais elle n’avait pas fait remarquer au rouquin qu’elle savait déjà la plupart des choses qu’il s’appliquait à lui expliquer. Arrivés en haut, la blanche eu une expression de surprise en voyant le paysage qui s’étalait à leurs pieds. C’était indescriptible tant le lieu dégageait une beauté impressionnante.

Elle marcha jusqu’au bord de la main géante, observant avec bonheur la ville qui s’agitait en contrebas. Le visage rayonnant, elle se retourna vers le rouquin et alla s’installer auprès de lui. Doucement, elle lui reprit la main, appuyant sa tête sur son épaule. Dans un premier temps, elle ne parvint pas à trouver les mots, mais elle finit par abandonner l’idée de décrire l’endroit.

« - Il faudra que je lui raconte ça... » murmura-t-elle pour elle-même

Sa prise se resserra un peu autour de la main de Reno, elle ferma les yeux en sentant le vent frais, dû à l’altitude, qui passait sur sa peau.

Reno resta silentieux un moment, fait inhabituel pour la personne qu'il était. Il leva finalement la main et caressa doucement les cheveux de Lynn. Il hésita très longtemps. C'était un moment parfait pour cela et c'était elle même qui s'était collée à lui après tout... mais s'il allait trop vite, encore, si elle ne voulait pas...? Sa main s'arrêta sur sa nuque un instant. Non, pas maintenant, décida-t-il en se mordant la lèvre.

-Si tu as froid, on peux rentrer, proposa le rouquin. Les pieds nus sur la roche, je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée...

Il ne l'imaginait pas avec la morve au nez et ne voulait pas être en cause. Mais d'un autre côté, la vue était tellement différente un peu plus haut... et magnifique...

« - T’inquiètes pas pour ça, mes pieds vont très bien. » le rassura-t-elle en ouvrant à demi ses yeux.

Lynn contempla une fois de plus le paysage. C’était vraiment magnifique, il n’y avait pas d’autre mot. Dans sa poitrine, son cœur se comprima. Ce n’était pas le moment de… Si, il fallait qu’elle le fasse, c’était le seul moyen de se soulager d’un poids qui pesait sur sa conscience. Elle redressa lentement la tête, la tournant vers le profil du rouquin. Toujours avec douceur, elle posa sa main sur la joue de Reno et la caressa.

« - Je suis désolée pour tout ce que je t’ai dit… Je… Enfin… Même si je l’ai pensé au début, je veux que tu saches que ce n’est plus pareil maintenant et que je… Moi non plus je… Je ne veux pas te perdre. »

La blanche enfouit son visage dans le cou du roux, ne voulant pas lui montrer ses yeux embués. Voilà, c’était dit. Elle ne voulait pas de son pardon, ou même de sa compréhension. En fait, elle ne savait plus trop ce qu’elle voulait. Rester auprès de lui malgré la rancune tenace de ses sœurs ? Qu’importe si elle se montrait faible, elle avait réussi à exprimer - maladroitement, je vous l’accorde - un peu ce qu’elle ressentait. Eden, légèrement dégoutée par la tournure que prenaient les évènements, préféra passer en mode veille.

Reno sourit tendrement en ensserant Lynn dans ses bras. Pour une fois, il n'avait pas l'impression que c'était lui l'enfant. Et il était tellement heureux. Il se doutait bien qu'au fond, elle partageait ses sentiments mais de se l'entendre confirmer était si bien... Bon, là, c'était le moment!

Il glissa sa main jusqu'à sa nuque et y exerça une légère pression tout en penchant la tête.

-C'est déjà oublié, murmura le rouquin avec l'ombre de son sourire habituel.

Lynn plongea dans le regard azurée du roux, secouant légèrement sa tête de droite à gauche. Il ne devait pas oublier à quel point elle s’était montrée blessante. Elle caressa du bout des doigts la joue de Reno mais détourna la tête en direction de la ville lointaine. La manière dont il lui avait pressé la nuque montrait bien ce qu’il désirait faire mais la blanche préférait se dérober. Non pas que ce ne fusse pas l’endroit idéal, au contraire, le lieu était tout ce qu’il y avait de plus romantique - même si tout ça n’était pas réellement au goût de la demoiselle -, ce n’était pas ça le problème. Trop tôt ? Pas vraiment. C’est juste qu’elle ne sentait pas encore assez méritante.

Reno relâcha immédiatement la pression de sa nuque et baissa la tête, déçu. Oui, il avait été blessé, il ne pouvait le nier et ses paroles semblaient encore le brûler à l'intérieur. Mais ça ne servait à rien de lui faire la tête car seul le temps efface ce type de douleur. Et le rouquin la sentait déjà loin.

Seulement, c'était ses hormones de gamin qui le travaillait à ce moment. Et peut-être bien autre chose... Il voulait plus de proximité mais jamais il ne l'aurait forcé, aussi prit-il son courage à deux main... et se dit qu'il patienterait le temps qu'il faudrait.

-On continu? Demanda-t-il avec un soyurire plus pâle qu'à son habitude.

« - Si tu veux mais… »

Lynn inspira profondément, peinée de le voir ainsi déçu. Elle n’était peut-être pas digne mais lui, on pouvait lui décerner facilement un trophée pour la supporter ainsi. Tant pis. Elle se pencha doucement vers lui, ferma les yeux et posa ses lèvres pâles sur celles du rouquin. Leur étreinte ne dura pas longtemps mais cela devrait lui suffire, pour l’instant. La blanche se recula un peu, rouvrant ses petits yeux gris et offrant à Reno un sourire doux.

« - Tu as des endroits à me montrer ? » demanda-t-elle à voix basse, comme si elle avait peur de troubler la sérénité du lieu dans lequel ils se trouvaient.

Sa main s’éloigna de la joue du roux mais alla se poser sur leurs deux autres mains encore enlacées. La jeune femme agrandit encore son sourire et pencha légèrement la tête sur le côté.

Reno se releva tout sourire. D'accord, il l'avait forcé indirectement mais si elle souriait, c'était bien! Tout heureux, il la traîna sur le bras en faisant le chemin inverse en lui expliquant que la dernière main était magnifique. On voyait toute l'île et les nuages étaient si près qu'on pouvait presque les toucher. Tout embalé, le rouquin recommença à gravir les marches en parlant encore de tout et de rien.

-Tu me le dis si tu veux faire demi tour hein, fit-il à un moment.

Le temps se rafraichissait à mesure de leur escalade et il était bien soucieux de sa santé.

Lynn déclina sa proposition d’un hochement négatif de la tête, continuant à lui sourire doucement. Elle ne sentait que très peu le froid pourtant plus que présent, en vérité, elle n’y prêtait pas attention. Elle se laissait traîner sans rien dire, appréciant de plus en plus la vue que leur procurait leur ascension. Une fois qu’ils eurent atteint la dernière et la plus haute des mains, la blanche ouvrit de grands yeux émerveillés. Elle s’avança jusqu’à l’extrémité de la plateforme, baissant les yeux pour admirer le panorama.

Une brusque envie de se jeter dans le vide la fit reculer d’un pas, non pas qu’elle ait le vertige, c’est juste que l’endroit était terriblement haut, au point qu’on se sentait happé par le vide. Elle fit volte-face et revint vers le rouquin, trottinant comme la gamine heureuse qu’elle semblait être redevenue. Une fois encore, elle ne trouvait rien à dire, mais son regard rayonnant parlait pour elle.

Reno sourit en la voyant ainsi joyeuse et l'acceuillit dans ses bras. Ils restèrent un moment sur la main géante avant que Reno ne fasse remarquer que le soleil descendait dangereusement et qu'ils ne pourraient redescendre les escaliers sans sa lumière. À moins de les débouler... mais ce n'était pas conseillé.

En touchant le sol, Reno arrêta le premier passant pour lui demander l'heure. Quatre heures et le soleil commençait déjà à disparaître derrière les montagnes. Son ventre émit alors un bruyant gargouillit. Ouais, finalement, vivement cinq heure et le retour de ses coéquipiers... avec la bouffe!

Ils marchèrent un peu dans la ville, admirant l'architecture particulière et les coutumes que les gens semblaient respecter à la lettre. Reno fit finalement une pause en indiquant à la blanche une maison. Rien de particulier à l'extérieur mais remplie de chats à l'intérieur. Petits, gras, allongés, poil de toutes les couleurs, longueurs et textures possibles...

-Kuro serait jaloux, rit Reno en s'approchant d'un petit chaton noir aux yeux réflétant le rouge pour le flatter.

Lynn rit à son tour en s’accroupissant près des animaux. L’un d’eux, une sorte de Bengal à robe tachetée vint se frotter contre sa jambe en miaulant. Elle lui caressa l’encolure et lui gratouilla le menton. Il se laissa faire quelques minutes en ronronnant avant de décider qu’il avait autre chose à faire. Il se retourna vivement et reparti se cacher derrière une rangée de cartons. Indépendants. Voilà une des raisons pour lesquelles elle préférait les chats aux chiens. Bon d’accord, Kuro était un peu - beaucoup - dépendant d’elle. Enfin non, comme disait Reno, c’était de la jalousie, et donc de la protection. La blanche se releva en soupirant, se demandant dans quel état elle allait retrouver son appartement. Elle se l’imaginait déjà, les murs couverts de griffes, une mare de pisse dans l’entrée, des besoins dans la baignoire, le frigo dévalisé, le sachet de croquettes renversé dans la cuisine. Bref, le désordre total.

« - Je ne vois pas pourquoi il serait jaloux, il doit bien savoir que c’est lui que je préfère. » dit-elle avec un grand sourire moqueur.

Et elle ébouriffa la crinière, déjà bien emmêlée d’ailleurs, du roux en se remettant à rire. Elle regarda le petit chaton qui se laissait caresser par lui. Au moins un qui ne semblait pas vouloir le mordre. Ça aussi ça allait être un sacré problème. Le Kuro allait bien sentir que le rouquin avait passé les deux derniers jours avec elle, et il allait certainement lui faire sa fête…

Reno eu un moment d'incertitude. Il réfléchit intensément quelques secondes avant que le déclic ne sa fasse.

-Hey! comment ça c'est lui ton préféré!? Je suis quoi moi? S'indigna-t-il.

[[H-J:]Ma plus longue réponse à vie XD]

Lynn fit exprès de réfléchir une longue minute, les yeux levés vers le ciel. Elle les reposa ensuite sur le rouquin, une soudaine expression dédaigneuse s’installant sur son visage. Elle eu un léger haussement d’épaules avant de répondre.

« - Sais pas, un animal de compagnie, non ? »

Son sourire s’élargit tandis qu’elle continuait de lui caresser la tête, un peu comme s’il s’agissait réellement d’un petit toutou. La blanche se pencha vers lui, posant son front contre celui de Reno. C’était étrange, mais elle aimait bien le taquiner.